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À Hodeïda, la bataille s’enlise, les humanitaires alarmés

Les combats entre la coalition saoudienne et les rebelles houthis se sont poursuivis mardi et mercredi à Hodeïda, au Yémen, où les ONG alertent sur le sort des nombreux enfants et des malades pris au piège dans des hôpitaux de la ville.

Au Yémen, plusieurs ONG occidentales ont indiqué que les combats se poursuivaient, mercredi   7   novembre, dans la ville de Hodeïda. La veille, les forces gouvernementales appuyées par une coalition sous commandement saoudien ont bombardé intensément la ville aux mains des rebelles. Des raids qui ont suscité de vives inquiétudes pour les civils, dont de nombreux enfants pris au piège des violences.

Cinq jours de pilonnage, de raids aériens et d'affrontements au sol entre forces loyalistes et rebelles houthis ont fait au moins 150   morts de part et d'autre, selon des sources médicales et militaires.

Située dans l'ouest du pays ravagé par la guerre depuis   2015 et en proie, selon l'ONU, à la pire crise humanitaire au monde, la ville portuaire de Hodeïda est stratégique. Près des trois quarts de l'aide humanitaire entrant au   Yémen y transitent.

Hodeïda ciblé en plein cœur

Les combats au sol ont lieu surtout autour de la ville de Hodeïda, mais les bombardements et les tirs d'artillerie visent la cité même, où sont retranchés les rebelles chiites houthis. Aussi bien les affrontements que les frappes aériennes se sont poursuivis en soirée avec la même intensité, selon les deux camps.

La coalition antirebelles, dont les deux piliers sont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a nié avoir l'intention de lancer une offensive sur cette cité au bord de la mer Rouge, précisant que les opérations visaient à "élargir des périmètres de sécurité". Mais des responsables des forces progouvernementales yéménites ont fait état de tentatives d'encercler la ville et de couper des voies d'approvisionnement des Houthis.

Le chef des rebelles houthis a de son côté averti mercredi que ses hommes n'abandonneraient pas Hodeïda, selon l'AFP. Abdel Malik al-Houthi a assuré qu'ils ne se rendront "jamais", et ne remettront pas davantage "le contrôle" de la ville à la coalition sous commandement saoudien.

Une cinquantaine d’enfants dans un hôpital coupé du monde

Certaines ONG, dont Save the Children, ont déclaré que des combats se déroulaient dans Hodeïda même. Dans un communiqué, Save the Children a indiqué qu'une installation médicale qu'elle soutient a été "attaquée" mercredi matin, "causant des dégâts" à une pharmacie de cette installation. L'organisation britannique n'a donné aucune précision sur l'origine de l'attaque. Toujours selon cette ONG, des barrages nocturnes ont été établis, empêchant les civils d'entrer ou de sortir de la ville.

Évoquant "l'intensification des combats à Hodeïda", l'organisation Médecins sans frontières (MSF) s'est inquiétée, quant à elle, des conséquences pour "les malades et le personnel de l'hôpital Al-Salakhana, et pour les milliers d'habitants restés dans la ville".

Le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef) a affirmé que la vie de "59   enfants dont   25 sont en soins intensifs" – à Al-Thawra, un autre hôpital de Hodeïda – était menacée par les combats. "Le personnel médical et les patients à l'hôpital ont confirmé qu'ils entendaient le bruit de bombardements et d'échanges de tirs intenses. L'accès de et vers l'hôpital, le seul opérationnel dans le secteur, est désormais dangereux", a indiqué l’Unicef.

???? #Yémen 35 ONG dont CARE appellent à une cessation immédiate des hostilités. Après 4 ans de conflit, les Yéménites ne peuvent plus attendre. #YemenCantWait
???? Lire notre appel : https://t.co/QvRxxmN7jE pic.twitter.com/8yO0b5Uoc3

  CARE France (@CAREfrance) 7 novembre 2018

Trente-cinq ONG yéménites et internationales ont appelé mercredi à "une cessation immédiate des hostilités" au Yémen où, selon elles, "14 millions (de personnes sont) menacées par la famine". Cet appel commun a été signé notamment par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), les ONG Action Contre la Faim, CARE International, Oxfam, Médecins du Monde et des associations yéménites, selon un communiqué.

De son côté, Amnesty International a accusé jeudi les rebelles yéménites de recourir "délibérément à la militarisation des hôpitaux" et de poser des mines à Hodeïda. L'organisation met l'accent sur ce qu'elle a qualifié de "développement extrêmement inquiétant" : le déploiement de rebelles Houthis sur le toit d'un hôpital dans le quartier du 22-Mai à Hodeïda même. Amnesty a également reproché à la coalition d'avoir tué au moins 32 civils dans une série de raids aériens entre le 13 et le 24 octobre dans la province de Hodeïda.

Avec AFP