Le président camerounais Paul Biya, 85 ans, dont 36 au pouvoir, a prêté serment mardi pour un septième mandat consécutif dans un climat de tension. La veille, 79 élèves ont été enlevés en zone anglophone touchée par un conflit armé.
Pour la septième fois, le président camerounais Paul Biya, 85 ans, a prêté serment mardi 6 novembre, dans un climat de tension. La veille, quelque 82 personnes, dont 79 élèves, ont été enlevés dans la zone anglophone frappée par un conflit armé.
"Je le jure", a répondu en anglais le chef de l'État aux questions du président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, lui demandant notamment s'il jurait "devant Dieu et les hommes" de "veiller au bien général de la Nation", "à son intégrité" et à son "unité".
Contestation
En prévision d'éventuels troubles lors de la prestation de serment de Biya, réélu avec 71,28 % des votes, policiers et gendarmes ont été déployés depuis plusieurs jours dans plusieurs zones de Yaoundé et d'autres villes.
L'opposant Maurice Kamto, qui revendique la victoire au scrutin, a appelé ses partisans à résister par des actions pacifiques. Plusieurs manifestations sont prévues mardi, au Cameroun et à l'étranger. Mais, sur place, Yaoundé a décidé de réprimer toute velléité de contestation.
Dimanche, 38 militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de Kamto, ont été arrêtés à Bafoussam (ouest) alors qu'ils participaient à une marche pacifique contre le "hold-up électoral" en faveur du président Biya.
Plus de 60 autres, dont des avocats, avaient déjà été arrêtés avant d'être relâchés à Douala (sud) et Yaoundé, mais plusieurs ont été inculpés.
Enlèvement
Depuis l'annonce de la réélection du président Paul Biya, au terme de la présidentielle du 7 octobre, la situation dans ces régions s'est encore détériorée, tout comme le climat politique, des dizaines d'opposants ayant été arrêtés.
À la veille de cette prestation, des hommes armés non identifiés de la région anglophone du Nord-Ouest, ont fait irruption à la Presbyterian Secondary School, un établissement protestant, et enlevé 82 personnes. "Les recherches pour retrouver les otages ont été lancées, la mobilisation est totale", selon une source gouvernementale.
Dans une vidéo de six minutes obtenue par l'AFP, onze adolescents d'une quinzaine d'années ont décliné un à un, en anglais, leur identité, et indiquent avoir été enlevés par les "Amba boys", les séparatistes anglophones. "Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l'Ambazonie", l'État que les séparatistes entendent créer, indique un homme au micro du téléphone filmant la scène.
Conflit armé
Dans la même région du Nord-Ouest, le sous-préfet de l'arrondissement de Noni a également été enlevé dimanche.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016, qui s'est transformée fin 2017 en conflit armé. Des affrontements entre armée et séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.
Les séparatistes ont décrété un boycottage des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones.
Avec AFP