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Le procès de l'ex-infirmier accusé d'avoir tué cent patients s'est ouvert en Allemagne

Le procès de l'ex-infirmier Niels Högel, soupçonné d'avoir tué 100 patients, s'est ouvert, mardi, à Oldenbourg, dans le nord de l'Allemagne. L'accusé, qui purge déjà une peine de prison à perpétuité pour six crimes similaires, a reconnu les faits.

C'est une affaire hors norme pour lesquelles des audiences sont prévues jusqu'en mai 2019. L'ancien infirmier allemand Niels Högel, déjà en prison pour le décès de six patients, doit répondre à partir de mardi 30 octobre à Oldenbourg, dans le nord de l'Allemagne, des meurtres de 100 patients.

Après une minute de silence à la mémoire des victimes et la lecture de l'acte d'accusation, la cour a demandé en fin de matinée à M. Högel si les accusations le visant étaient justes. "Oui", a-t-il répondu à voix basse, avant d'ajouter de manière sibylline que ce qu'il a avoué "a bien eu lieu".

Le prévenu, 41 ans, est devenu infirmier à 19 ans, comme son père. Considéré comme un collaborateur engagé et sympathique, ses collègues diront toutefois avoir été "troublés" par la fréquence des décès lorsqu'il est de service. Entre 2000 et 2005, il a injecté une surdose de médicament à des dizaines de patients, pour tenter ensuite de les réanimer, souvent sans succès. En 2005, il est pris en flagrant délit. L'expertise psychiatrique fait état de sévères troubles narcissiques. Ce père d'une adolescente n'a pas exprimé de remords.

Dès juillet 2006, un dossier établi par la police sur la base des statistiques de la clinique de Delmenhorst montrait qu'entre 2003 et 2004, le taux des décès avait été deux fois plus élevé que les années précédentes. La consommation de produits cardiaques avait monté en flèche. Et dans la plupart des cas de décès, Niels Högel était de service. Assez pour fonder des soupçons de meurtres en série mais le parquet n'a réagi qu'en 2008, sous la pression de parents de victimes présumées.

L'infirmier agissait pour briller devant ses collègues et "par ennui"

L'enquête accélère après l'arrivée d'une nouvelle procureure générale fin 2013 et la création de la commission spéciale Kardio qui procèdera à plus de 134 exhumations, révélant des dizaines de victimes présumées, conduisant à ce nouveau procès qui doit durer au moins jusqu'à la mi-mai 2019.

S'il a avoué une trentaine de meurtres, qu'il a ou va être jugé pour une centaine, les enquêteurs évaluent leur nombre potentiel à plus de 200. Il sera impossible de faire un bilan exact car de nombreuses victimes présumées ont été incinérées. L'infirmier agissait pour briller devant ses collègues par ses "talents" de réanimation et "par ennui".

L'hôpital d'Oldenbourg s'était séparé de l'infirmier fin 2002 en invoquant une perte de confiance, mais sans ouvrir d'enquête interne et en lui écrivant une lettre de recommandation. Des collègues et supérieurs hiérarchiques de l'infirmier vont d'ailleurs devoir s'expliquer devant un juge, une fois le procès de Niels Högel bouclé. L'infirmier sera alors appelé à témoigner.

Avec AFP