Le Parlement macédonien a adopté vendredi une proposition pour changer le nom du pays en vertu d'un accord conclu en juin avec la Grèce. Cela permettrait à terme à la Macédoine de se porter candidate pour intégrer l'Otan et l'Union européenne.
La Macédoine pourrait bientôt s'appeler "République de Macédoine du Nord". C'est en tout cas la démarche initiée par le Parlement macédonien qui a voté, vendredi 19 octobre, le lancement du processus en vue de changer le nom du pays.
Un premier pas pour mettre fin au différend qui l'oppose à la Grèce depuis 25 ans. "Le Parlement a adopté le proposition du gouvernement pour débuter la procédure d'amendement de la Constitution", a déclaré son président Talat Xhaferi à l'issue d'un vote tard dans la soirée.
Selon un journaliste de l'AFP présent sur place, 80 députés – sur un total de 120 – ont voté pour, permettant d'atteindre la majorité requise des deux tiers. "Un grand jour pour la démocratie à Skopje!", a tweeté le commissaire européen à l'Élargissement, Johannes Hahn.
Les responsables européens et américains avaient apporté un franc soutien au changement de nom, arguant qu'il s'agissait là d'une occasion unique pour arrimer la Macédoine aux pays occidentaux.
La Macédoine, objet de tensions russo-américaines
Cet enjeu géopolitique a entraîné des tensions russo-américaines. Le mois dernier, Washington a accusé Moscou de mener une campagne de désinformation visant à rejeter le changement de nom lors du référundum de fin septembre.
La Russie, qui s'oppose aux aspirations macédoniennes de rejoindre l'Otan, a répliqué jeudi : "L'ingérence la plus grossière de la part des États-Unis et de l'Union européenne dans les affaires internes de Skopje se poursuit, à un niveau qui a déjà franchi toutes les bornes imaginables", a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère a mentionné la lettre que Wess Mitchell, chargé des relations avec l'Europe et l'Otan au département d'État américain, a envoyée cette semaine au leader du VMRO-DPMNE, Hristijan Mickoski, dans laquelle il se disait "déçu" de la position de ce parti d'opposition de droite.
Validation nécessaire du Parlement grec
Le différend prend sa source à l'indépendance de cette ex-république yougoslave, en 1991. La Grèce juge alors que le nom de "Macédoine" ne peut s'appliquer qu'à sa province septentrionale ; elle explique que ce nom appartient à son patrimoine historique et culturel et ne peut s'appliquer qu'à sa région autour de Thessalonique.
Un accord conclu en juin entre les Premiers ministres macédonien Zoran Zaev et grec Alexis Tsipras prévoit de baptiser "République de Macédoine du Nord" ce petit pays pauvre des Balkans. Ce plan doit ouvrir la voie à la levée du veto grec à l'adhésion de la Macédoine à l'Otan et l'UE. Une fois que le changement de nom sera entériné à Skopje, le Parlement grec devra à son tour se prononcer.
Le commissaire européen chargé de l'Élargissement, Johannes Hahn, a adressé dans un tweet ses "félicitations à tous ceux qui ont choisi d'emprunter la voie de l'UE".
Avec AFP