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Affaire Khashoggi : Trump menace l'Arabie saoudite de "graves" conséquences

Le président américain Donald Trump a estimé qu'il semblait "certain" que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi était mort. Il a par ailleurs menacé Riyad de "très graves" conséquences si la responsabilité saoudienne était confirmée.

Le président des États-Unis Donald Trump a pour la première fois admis jeudi 18 octobre que le journaliste saoudien disparu Jamal Khashoggi était très probablement mort, menaçant Ryad de "très graves" conséquences si sa responsabilité était confirmée.

"Cela me semble bien être le cas. C'est très triste", a-t-il déclaré, interrogé sur le possible décès de ce journaliste porté disparu depuis qu'il s'est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. "C'est mauvais, très mauvais", a-t-il ajouté.

"Je reconnaîtrai qu'il est mort"

"À moins que le miracle des miracles ne se produise, je reconnaîtrai qu'il est mort", précise-t-il dans une interview accordée par ailleurs au New York Times, dans laquelle le président américain exprime en outre sa confiance dans les informations du renseignement suggérant une implication saoudienne de haut niveau dans l'assassinat de Khashoggi. Il a ajouté qu'il est encore "un peu trop tôt" pour tirer des conclusions définitives sur les commanditaires du meurtre.

Ces déclarations marquent un net changement de ton de la part du locataire de la Maison Blanche. Ces derniers jours, il avait opté pour une posture moins tranchée et avait mis en avant les énormes intérêts stratégiques liant son pays au royaume sunnite, citant la lutte contre le terrorisme, la nécessité de contrer l'influence de l'Iran chiite mais aussi les contrats d'armement et leurs retombées économiques.

Les États-Unis ont cependant décidé d'accorder un délai supplémentaire à l'Arabie saoudite pour expliquer la disparition de ce journaliste connu pour son franc-parler, qui s'était exilé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier Mohammed ben Salmane.

"Nous devons leur donner quelques jours de plus pour mener à bien (les investigations) afin que nous ayons une bonne compréhension des faits", a affirmé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, de retour d'un déplacement à Riyad.

Riyad, boycottée

Un peu plus tôt dans la journée, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, avait annoncé qu'il ne se rendrait pas à une conférence économique organisée à Riyad et boycottée par un nombre croissant de personnalités, dont le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire.

Selon le New York Times, la monarchie saoudienne envisagerait de faire porter le chapeau de l'affaire Khashoggi à un haut responsable des services de renseignement, le général Ahmed Assiri, qui est aussi un conseiller de "MBS", surnom du prince héritier. La publication de nouvelles images tirées des caméras de vidéosurveillance retraçant les mouvements à Istanbul d'un officier des services de sécurité proche du prince héritier saoudien a fait encore monter d'un cran la pression sur Riyad.

L'homme en question, Maher Abdulaziz Mutreb, qui avait été identifié par les autorités turques comme l'un des membres d'une équipe de 15 agents envoyée par Riyad pour "assassiner" le journaliste, fait partie de l'entourage de "MBS", selon le New York Times.

Des sources turques ont affirmé que les autorités d'Ankara étaient en possession d'un enregistrement audio attestant que Khashoggi a été tué dans le consulat.

Le Washington Post a publié mercredi ce qu'il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. "Hélas, cette situation ne changera probablement pas", déplore le journaliste dans cette tribune transmise au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition.

Avec AFP et Reuters