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Le sommet européen "crucial" organisé mercredi à Bruxelles n'a pas permis d'avancer dans les négociations sur le Brexit, qui butent toujours sur la question de la frontière irlandaise. Theresa May dit rester confiante.
Les dirigeants de l’Union européenne (UE) ont pris note, mercredi 17 octobre, de l'absence de percée dans les négociations sur le Brexit. Ils ont toutefois reconnu la "bonne volonté" de Theresa May, qui s'est montrée ouverte sur l'idée d'une prolongation de la période de transition après le divorce.
À Bruxelles, l’UE à 27 n'a pas reçu de nouvelles propositions de Theresa May qui auraient permis de relancer des négociations. En conséquence, le calendrier à venir reste en suspens : le sommet extraordinaire évoqué au mois de novembre n'est pour l'instant pas planifié, a indiqué à l’AFP une source européenne.
"Je ne m'attendais pas à une percée, et il n'y a pas eu de percée" sur le sort de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, le point principal sur lequel les négociations échouent, a déclaré le chancelier autrichien Sebastian Kurz. Le jeune dirigeant, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, s'est toutefois dit "optimiste" sur une solution "dans les prochaines semaines ou mois".
"Je n'ai pas constaté de nouveautés majeures", a pour sa part déclaré le président du Parlement européen Antonio Tajani. Theresa May a parlé une quinzaine de minutes devant ses pairs qui commencent à s'inquiéter face à la nécessité de trouver un accord de divorce, prévu le 29 mars 2019. Selon Antonio Tajani, l'atmosphère a été malgré tout "beaucoup plus détendue" que lors d'une réunion un mois plus tôt à Salzbourg, en Autriche. Theresa May a fait preuve de "bonne volonté", selon lui.
Theresa May reste "confiante"
"Nous avons montré que nous pouvons trouver des accords difficiles ensemble et de façon constructive. Je reste confiante", a déclaré la Première ministre à ses collègues, selon son porte-parole. "La dernière étape demandera du courage, de la confiance et du leadership des deux côtés", a-t-elle ajouté.
Les négociations butent principalement sur la solution qui permettrait d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, afin de sauvegarder les Accords de paix de 1998. Londres propose de rester aligné sur les règles douanières de l'Union jusqu'à la signature d'un accord de libre-échange plus large, afin d'éviter le contrôle de marchandises aux frontières. L'UE suggère quant à elle de ne garder que l'Irlande du Nord dans l'union douanière.
"Le Brexit, c’est toute la tentative du Royaume-Uni de retrouver la maîtrise de ses frontières", décrypte sur le plateau de France 24 Myriam Benlolo-Carabot, professeur de droit public à l’université Paris-Nanterre. "Simplement, si on veut le rétablissement d'une frontière, il faut accepter les conséquences que cela peut avoir. Or les conséquences sur l’Irlande, aussi bien au niveau politique qu’économique, sont dramatiques et personne n'en veut", ajoute l’universitaire. "Très honnêtement je ne vois pas comment sortir de cette situation, étant donné la manière dont Theresa May est aujourd’hui coincée politiquement. C'est au niveau de son propre parti que les choses sont extrêmement complexes."
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L'une des options serait d'accepter de prolonger d'un an, soit jusqu'au 31 décembre 2021, la période de transition suivant le départ officiel, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP. Selon Antonio Tajani, Theresa May n'était pas fermée à cette idée. Prolonger la période de transition permettrait de donner plus de temps pour négocier un accord commercial avec le Royaume-Uni et augmenter ainsi les chances d'éviter d'avoir à recourir au "filet de sécurité" ("backstop") en Irlande.
Le scénario d'une absence d'accord pèse de plus en plus sur les discussions. Donald Tusk l'avait jugé "plus probable que jamais" dans son invitation au sommet adressée aux 27. "Nous avons ce soir demandé à la Commission de travailler avec encore plus de vigueur sur le scénario du ‘no deal’. Ce n'est pas que nous nous attendons à ce que cela arrive, mais nous devons être préparés", a commenté le Premier ministre néerlandais Mark Rutte à la sortie de la réunion.
Avec AFP