À la veille du premier tour de la présidentielle brésilienne, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro est crédité de 35 % des intentions de vote, soit un gain de trois points par rapport à la précédente enquête d'opinion.
Le député d'extrême droite Jair Bolsonaro, candidat à l'élection présidentielle brésilienne, a accru son avance sur son principal adversaire, Fernando Haddad, le candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche), selon un sondage Datafolha publié à trois jours du premier tour de scrutin, qui se déroulera dimanche 7 octobre.
Ancien officier âgé de 63 ans, Jair Bolsonaro a convaincu de nombreux Brésiliens de voter pour lui en raison de positions très dures contre l'insécurité et une carrière exempte d'accusations de corruption. Mais il fait aussi office de repoussoir pour une grande partie de l'électorat en raison de propos jugés homophobes ou misogynes.
Le pays a rarement été aussi divisé à l'approche d'une élection, durant laquelle les Brésiliens vont aussi désigner les députés de la chambre basse du Congrès et voter pour renouveler les deux tiers des 81 sièges du Sénat.
Bolsonaro a appelé, vendredi, les Brésiliens à voter massivement pour lui afin d'éviter un second tour, précisant qu'il lui manquait six millions de voix pour obtenir la majorité dès le premier tour du scrutin. Dans une vidéo retransmise en direct sur Facebook, le député d'extrême droite a demandé à ses partisans d'inciter leurs parents et leurs amis à voter pour lui.
Bond dans les sondages
Pour le premier tour, Jair Bolsonaro est crédité de 35 % des intentions de vote, soit un gain de trois points par rapport à la précédente enquête d'opinion publiée le 2 octobre, et 13 points de plus que Fernando Haddad qui obtiendrait 22 % des voix. Selon Datafolha, les deux candidats se trouveraient au coude-à-coude au second tour.
Cette enquête d'opinion a été diffusée peu avant la fin de la campagne électorale qui s'est achevée le 4 octobre par un débat télévisé auquel n'a pas participé Jair Bolsonaro. Poignardé lors d'un meeting le 6 septembre dernier, il se remet de plusieurs interventions chirurgicales.
Le candidat d'extrême droite, qui avoue sa nostalgie pour l'époque où le Brésil était sous l'emprise d'une dictature militaire (1964-1985), a annoncé qu'il reprendrait sa campagne le 12 octobre, soit cinq jours après le premier tour du scrutin. Le second tour est prévu le 28 octobre.
Comparé à Hitler
Dans une déclaration à une radio située dans le nord-est du pays, où la majorité des électeurs soutiennent Haddad, Jair Bolsonaro a annoncé qu'il enverrait l'armée dans la région afin qu'elle aide à la reconstruction des infrastructures prévue de longue date. Il a ajouté que les représentants de tous les partis politiques, dont le PT, seraient les bienvenus s'il parvenait au pouvoir.
L'équipe de campagne de Fernando Haddad a violemment critiqué Jair Bolsonaro via une publicité diffusée à la télévision, dans laquelle le candidat d'extrême droite est comparé à Adolf Hitler pour avoir longtemps vanté la dictature.
Cette publicité reprend des déclarations incendiaires de Bolsonaro, dont les prises de position controversées ont provoqué des manifestations de milliers de femmes à travers le pays. Bolsonaro a déjà minimisé la gravité du viol ou justifié l'écart des salaires entre hommes et femmes. Dans une vidéo diffusée sur Facebook, il s'est défendu d'être raciste, sexiste ou homophobe, même s'il est poursuivi en justice pour incitation à la haine.
Programme économique flou
Cet ancien capitaine de l'armée s'est envolé pendant l'été dans les sondages en surfant sur la colère des Brésiliens, contre la corruption de la classe politique et l'insécurité. Il a notamment promis d'assouplir la législation sur le contrôle des armes à feu afin que les Brésiliens puissent s'armer contre les criminels. Bolsonaro est massivement soutenu par l'électorat évangéliste grâce à son hostilité à la légalisation de l'avortement, du mariage homosexuel ou de la consommation de stupéfiants.
Les marchés financiers se réjouissent également de la perspective de voir Bolsonaro empêcher le retour au pouvoir du Parti des travailleurs, que les investisseurs jugent responsable de la grave récession connue par le pays en 2015 et 2016. Le programme économique de Jair Bolsonaro reste cependant encore très flou.
Le candidat a demandé la semaine dernière à son conseiller économique, Paulo Guedes, et à son colistier, le général à la retraite Hamilton Mourão, de s'abstenir de toute déclaration publique à la suite de l'émergence de contradictions sur la politique économique qu'il entend mener s'il accède à la présidence.
Avec AFP