
Le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, détenu en Russie, a dû mettre fin à sa grève de la faim. Sa santé est en danger après plus de quatre mois de jeûne pour demander la libération des prisonniers politiques ukrainiens emprisonnés en Russie.
Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné en Russie, a annoncé vendredi 5 octobre metter un terme à sa grève de la faim entamée en mai. Il a dit vouloir éviter d'être nourri de force après un jeûne de plus de quatre mois, qui a suscité une mobilisation internationale pour sa libération.
"Je suis forcé de mettre un terme à ma grève de la faim demain, c'est-à-dire le 6 octobre 2018", a fait savoir le réalisateur de 42 ans, originaire de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée, dans une lettre manuscrite remise à la presse.
"En raison de mon état de santé critique et de l'apparition de changements pathologiques dans mes organes, il était prévu prochainement de me nourrir de force", explique Oleg Sentsov, emprisonné dans la colonie pénitentiaire de Labytnangui, au-delà du cercle polaire arctique.
Des craintes pour sa vie
Sa cousine Natalia Kaplan a même écrit sur Facebook qu'elle craignait qu'il ne survive pas, car non seulement ses reins et son foie sont atteints, mais il souffre d'arythmie et d'autres effets secondaires liés à sa longue période de jeûne.
"Personne ne peut maintenant dire si Oleg survivra. Il ne lui reste pas grand-chose sur le plan de la santé." "Oleg a choisi de tenter de vivre. J'espère qu'il va s'en sortir", a-t-elle ainsi réagi après l'annonce de l'arrêt de sa grève de la faim. Sur les dernières photos du cinéaste, diffusées fin septembre, on pouvait à cet égard constater qu'il était extrêmement amaigri et manifestement affaibli.
Pour Sentsov, "l'objectif n'est pas atteint"
"Mon opinion n'est plus prise en compte", poursuit dans sa lettre celui qui refusait de s'alimenter depuis le 14 mai dernier, demandant la libération de tous les "prisonniers politiques ukrainiens" en Russie. Après "145 jours de lutte, 20 kilos en moins et un corps brisé", "l'objectif n'est pas atteint", déplore le cinéaste ukrainien dans sa lettre. "Je suis reconnaissant à tous ceux qui m'ont soutenu et demande pardon à ceux que je laisse tomber", conclut Oleg Sentsov, terminant son message par un "Gloire à l'Ukraine !"
Arrêté chez lui en mai 2014, ce père de deux enfants a été condamné en août 2015 à 20 ans de prison pour "terrorisme" et "trafic d'armes", à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par l'ONG Amnesty International.
Avec AFP