Le Forum économique mondial, la fondation qui organise chaque année le sommet de Davos, prévoit que le bilan de l'automatisation de l'économie serait positif pour l'emploi avec 58 millions de postes nets créés d'ici à 2025.
Le Forum économique mondial voit le verre à moitié plein. La fondation, qui organise chaque année la grand-messe de l'élite économique à Davos (Suisse), a ajouté son propre rapport à la montagne de littérature sur la robotisation de l'économie. Publié lundi 17 septembre, ce document conclut que l'automatisation des tâches va entraîner un gain net de 58 millions d'emplois d'ici à 2025.
Un optimisme qui tranche avec d'autres travaux sur le même thème, comme l'étude de 2013 de l'université d'Oxford – souvent citée. Ses auteurs estimaient que la moitié des emplois dans le monde était menacée par l'invasion des robots travailleurs. Le Forum économique mondial ne nie d'ailleurs pas l'effet destructeur de cette "quatrième révolution industrielle". Son rapport évalue ainsi à 75 millions le nombre d'emplois qui seront perdus pour les humains au profit des machines d'ici à 2025. La fondation affirme ainsi que "42 % des tâches effectuées actuellement par un humain seront automatisées, contre seulement 29 % aujourd'hui". Le secrétariat, l'assemblage en usine ou encore la comptabilité, par exemple, seront du ressort quasi-exclusif des robots dans dix ans.
Mais, en parallèle, les auteurs du rapport affirment que cette évolution va entraîner la création de 133 millions d'emplois, soit 58 millions d'emplois de plus. Pour le Forum économique mondial, ces "nouveaux rôles auront une forte composante technologique ou mettront l'accent sur les relations humaines". Les analystes de données, les conseillers clients, les développeurs informatiques ou encore les métiers de la culture seront les grands gagnants de cette "quatrième révolution industrielle".
Moins de CDI
Néanmoins, les auteurs du rapport avertissent que les bénéfices de la robotisation pour l'emploi dépendent de la mobilisation du monde politique et des entreprises pour préparer et former aux métiers de demain. "Ce rapport est un appel aux gouvernements, aux chefs d'entreprise, aux éducateurs et aux individus à prendre les devants avant qu'il ne soit trop tard pour créer un marché du travail dynamique pour tous", note Klaus Schwab, le directeur du Forum économique mondial, dans le communiqué qui accompagne la publication de l'étude.
Le marché du travail à l'heure des robots, tel que décrit par ces experts, serait aussi marqué par une baisse des CDI au profit des missions ponctuelles. "Plus de la moitié des entreprises interrogées estime que le nombre de leurs salariés à temps plein aura diminué d'ici à 2025", écrivent les auteurs de l'étude. Dans le même temps, 40 % d'entre elles s'attendent à une augmentation de "leur main d'œuvre globale", c'est-à-dire en tenant compte des CDD ou du recours à des sous-traitant. Une part importante des tâches nécessaires au fonctionnement au quotidien de l'entreprise – comme la comptabilité ou le secrétariat – seront assurées en interne par les robots, tandis que les humains devront plutôt intervenir au coup par coup, pour développer une solution logicielle, lancer une campagne de marketing ou encore assurer la maintenance des machines.
Ainsi, même dans sa version la plus optimiste, le futur du travail à l'heure de l'automatisation risque d'entraîner une hausse de la précarité.