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Les habitants du village de Khan al-Ahmar, situé en Cisjordanie occupée, se mobilisent pour échapper à un projet de démolition émanant des autorités israéliennes. La communauté internationale a exhorté l'État hébreu à y renoncer.
L’incertitude règne pour les Bédouins du village de Khan al-Ahmar. D’une minute à l’autre, leurs habitations de fortune faites de tôles et de toile peuvent être frappées de démolition par un projet israélien.
En signe d’opposition, les villageois palestiniens ont construit cinq nouvelles cabanes. L'initiative, organisée par les membres de plusieurs mouvements de défense des droits de l'Homme et par l’Autorité palestinienne, a été prise à la veille de l'expiration d’une injonction temporaire qui avait reporté la démolition. "Nous attendons seulement de voir s'ils vont venir ce soir pour nous expulser et démolir les maisons", a déclaré Fayçal Abou Dahok, l'un des 180 Bédouins qui habitent ce village. "Nous ne partirons pas de notre plein gré. S'ils nous expulsent, nous reviendrons et nous resterons là. Nous n'avons pas à aller ailleurs."
"Nos joies, nos tristesses et nos chemins sont les mêmes"
Les habitants de Khan al-Ahmar ne sont pas seuls. Chaque jour depuis trois mois, des délégations des quatre coins de la Cisjordanie se rendent dans le village pour soutenir les Bédouins menacés d’expulsion. "Je viens du sud de Naplouse. Je suis venu ici en solidarité avec mes frères palestiniens. Nos joies, nos tristesses et nos chemins sont les mêmes", explique Mustafa Barghouti, membre du comité central de l’OLP, au journaliste de France 24, Antoine Mariotti.
Il faut dire que le village occupe une place stratégique. "Si les Palestiniens tiennent autant à ce village de Khan al-Ahmar, c’est parce que c’est le dernier endroit qui permet d’empêcher la jonction entre deux colonies israéliennes, explique Antoine Mariotti. Si ces deux colonies venaient à se rejoindre, cela empêcherait tout accès pour les Palestiniens à Jérusalem et donc mettrait fin à leur rêve d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale."
La communauté internationale inquiète
Aux yeux des Palestiniens, la démolition de ce village entre dans le cadre de la création d'un arc de colonies qui couperait Jérusalem-Est de la Cisjordanie. Les autorités israéliennes n'ont pas précisé pour le moment si une implantation doit y être construite. Ses habitants doivent être relogés à une dizaine de kilomètres, dans une zone proche du village palestinien d'Abu Dis où se trouve une décharge.
Une situation qui indigne la communauté internationale. Allemagne, France, Italie, Espagne et Grande-Bretagne, Union européenne et Nations unies ont toutes exhorté l'État hébreu à renoncer à la démolition de Khan al-Ahmar au nom du processus de paix, mais la Cour suprême israélienne a donné son feu vert la semaine dernière, jugeant comme le gouvernement que le village avait été construit sans les autorisations nécessaires. Selon les Palestiniens, de tels documents sont impossibles à obtenir.
L'Autorité palestinienne a quant à elle saisi la Cour pénale internationale en "mettant l'accent sur les crimes de guerre auxquels Khan al-Ahmar est confronté, en particulier les crimes de déplacement forcé, de nettoyage ethnique et de destruction de biens civils", a déclaré le négociateur Saeb Erekat, lors d'une conférence de presse.
L'appel de la France
Ce dimanche, une délégation de sénateurs français accompagnée du consul général de France à Jérusalem est venue visiter le village et lui apporter son soutien.
Par ailleurs, un juriste franco-américain arrêté lors d'une manifestation contre la démolition d'un village bédouin en Cisjordanie occupée a été relâché dimanche sur décision d'un tribunal israélien qui a aussi révoqué son ordre d'expulsion. Frank Romano, professeur de droit à l'université Paris Nanterre, avait été interpellé vendredi par les forces israéliennes alors qu'il manifestait avec des militants propalestiniens pour la défense du village de Khan al-Ahmar.
Avec AFP