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Syrie : le sort de la province d'Idleb au menu du sommet tripartite entre Moscou, Téhéran et Ankara

Alors qu'une offensive de Damas, semble imminente dans la province d’Idleb, ultime fief rebelle en Syrie, les présidents d'Iran, de Russie et de Turquie se retrouvent en sommet vendredi à Téhéran pour décider de son ampleur.

Les présidents iranien, russe et turc se retrouvent en sommet vendredi à Téhéran pour décider du sort de la province d'Idleb, ultime grand bastion rebelle et jihadiste de Syrie, cible imminente d'une offensive du régime de Damas.

La rencontre entre le président Hassan Rohani et ses homologues Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan doit avoir lieu dans l'après-midi quelques heures seulement avant une autre réunion sur la situation à Idleb, convoquée par les États-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU.

Conquis en 2015 par les insurgés, Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a accueilli depuis des dizaines de milliers de rebelles et de civils évacués d'autres bastions de l'opposition repris par les forces loyalistes à travers le pays. Jeudi, des centaines de civils ont commencé à fuir la zone par crainte d'un assaut imminent des troupes gouvernementales.

Incroyable conférence à Téhéran avec Poutine, Erdogan et Rohani où chacun expose ses divergences sur l’avenir de la Syrie en public à la télévision. #conferenceteheran

  Mariam Pirzadeh (@mapirzadeh) 7 septembre 2018

Déterminé à reprendre l'ensemble du territoire syrien et fort de l’appui militaire russe et iranien, le président Bachar al-Assad a massé des renforts aux abords de la province, frontalière de la Turquie et dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), mais qui accueille aussi d'importantes factions rebelles.

Avant la réunion, Téhéran et Moscou ont réaffirmé leur soutien au régime de Damas. "Nous avons tué, nous tuons et nous tuerons les terroristes […]. Et peu importe qu'ils se trouvent à Alep, à Idleb ou en d'autres points de la Syrie", a déclaré jeudi Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.

Toutefois, Damas, Moscou et Téhéran doivent tenir compte de la position d’Ankara, soutien des rebelles, qui dispose de troupes à Idleb et craint un afflux massif de réfugiés sur le territoire turc.

Craintes de "massacre"

La rencontre entre les trois chefs d’État pourrait déterminer l'ampleur et le calendrier de l'offensive contre Idleb. Leurs pays respectifs tiennent un rôle incontournable dans le conflit, à travers leur appui militaire crucial aux belligérants et le lancement du processus d'Astana, qui a éclipsé les négociations sous l'égide de l'ONU pour tenter de mettre un terme au conflit, qui a fait plus de 350 000 morts depuis 2011.

Damas, Moscou et Ankara ont été ces jours-ci le théâtre d'un intense ballet diplomatique. Selon le quotidien syrien pro-régime Al-Watan, les résultats des discussions seront présentés à la rencontre de Téhéran où les trois puissances "décideront de l'heure zéro de l'opération de l'armée syrienne, qui devrait intervenir immédiatement après le sommet".

La Turquie, qui dit craindre un "massacre" et un nouvel afflux de réfugiés à sa frontière, a affirmé qu'elle allait tenter à Téhéran d'empêcher un assaut.

L'Iran, de son côté, a assuré vouloir aider Damas à chasser les insurgés d'Idleb "avec le moins possible de pertes humaines" et Moscou a fait état d'efforts en cours pour "séparer au sol […] les opposants armés normaux des terroristes".

Au total, quelque 3 millions d'habitants vivent dans la province d'Idleb et les quelques poches insurgées dans les provinces voisines de Hama, Alep ou encore Lattaquié, selon l'ONU. Près de la moitié sont des déplacés.

Mercredi, les Nations unies ont mis en garde contre un "bain de sang" à Idleb, craignant qu'une offensive ne provoque une catastrophe humanitaire d'une ampleur inédite depuis le début du conflit syrien.

La Maison Blanche a mis en garde mardi Damas et ses alliés russe et iranien contre un recours aux armes chimiques à Idleb. "Le monde [...] et les États-Unis regardent [...] de très près" la situation, "si c'est un massacre, le monde sera très très en colère et les États-Unis seront également très en colère", a averti mercredi le président américain Donald Trump.

Avec AFP