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Le fondateur du Lashkar-e-Taïba en résidence surveillée

Hafiz Saeed, le fondateur du Lashkar-e-Taïba, le groupe islamiste accusé par l'Inde d'avoir perpétré les attaques de Bombay, a été placé en résidence surveillée au Pakistan. Huit autres membres du mouvement doivent subir le même sort.

REUTERS - Les autorités pakistanaises ont assigné à résidence jeudi Hafiz Saeed, le fondateur de l'organisatio islamiste Lashkar-e-Taiba, tenue responsable par l'Inde des attaques de Bombay fin novembre.


Le gouvernement pakistanais avait assuré un peu plus tôt qu'il agirait dans la droite ligne des restrictions que l'Onu a imposées à Saeed et à l'organisation caritative qu'il dirige aujourd'hui, Jamaat ud Dawa.


Une commission du Conseil de sécurité des Nations unies a ajouté mercredi Hafiz Saedd et son ONG à sa liste de personnalités et d'organisations liées à Al Qaïda et aux taliban. Trois des collaborateurs de Saeed ont été inscrits sur cette liste et seront soumis aux sanctions, qui viseront leurs avoirs et restreindront leurs voyages.


Le Premier ministre pakistanais, Yousaf Raza Gilani, a déclaré au secrétaire d'Etat adjoint américain John Negroponte, en visite jeudi à Islamabad, que le Pakistan remplirait ses "obligations internationales" après l'adoption de sanctions par l'Onu dans le cadre de la résolution 1267 du Conseil de sécurité.


Washington s'est lancé dans un intense ballet diplomatique pour éviter que les tensions ravivées entre New Delhi et Islamabad ne tournent au conflit militaire, et pour que le Pakistan poursuive sa lutte contre les taliban et Al Qaïda.


Jeudi, la police a encerclé la demeure de Hafiz Saeed à Lahore et lui a fait savoir qu'il ne pouvait plus sortir de chez lui. Saeed s'est officiellement retiré de la direction du Lashkar-e-Taiba ("Armée des purs") en 2001 afin de diriger Jamaat ud Dawa, une ONG qui, de l'avis de certains analystes et diplomates, est ni plus ni moins la vitrine légale du Lashkar.

LISTE DE 40 PERSONNES


Des directives ont été communiquées aux banques pakistanaises pour qu'elles gèlent les comptes de Jamaat ud Dawa et de tous ceux qui sont visés par les sanctions de l'Onu, a déclaré un porte-parole de la banque centrale du Pakistan. Dans la grande ville portuaire de Karachi ainsi qu'à Hyderabad, la police a fermé les bureaux de Jamaat ud Dawa.


Selon plusieurs chaînes de télévision, cette ONG va être interdite, même si aucune annonce n'a été faite en ce sens pour l'instant.


Avec des appuis financiers saoudiens, Saeed a fondé le Lashkar-e-Taiba vers 1989-1990 pour combattre la présence indienne au Cachemire. Cette organisation, officiellement interdite en 2002 par le gouvernement du président d'alors, Pervez Musharraf, a noué des liens étroits avec l'ISI (services de renseignements militaires), selon certains observateurs, ce qui alimente un peu plus les doutes des Indiens quant à la sincérité des autorités pakistanaises.


Le Pakistan a interdit Lashkar-e-Taiba et d'autres organisations de ce genre par le passé, gelé leurs avoirs et arrêté leurs dirigeants. Mais ces chefs ont été remis en liberté par la suite et les organisations ont pu agir de nouveau au grand jour, sous de nouveaux noms.


Le chef de la diplomatie indienne, Pranab Mukherjee, a estimé jeudi que se lancer dans une guerre contre le Pakistan ne pouvait en aucun cas résoudre le problème des extrémistes qui attaquent des objectifs indiens à partir de bases situées au Pakistan.


Prié par un député en colère de dire pourquoi l'Inde n'attaquait pas le Pakistan, après avoir selon lui obtenu autant de preuves de la complicité d'Islamabad dans les attaques, le ministre a simplement répondu : "Ce n'est pas une solution".


L'Inde n'en reste pas moins indignée par la tolérance exercée selon elle par le gouvernement pakistanais envers certaines organisations extrémistes musulmanes et a demandé à Islamabad de prendre des mesures contre ceux qu'elle tient pour responsables des attaques de Bombay et d'attentats antérieurs.


Mukherjee a déclaré avoir demandé au Pakistan de livrer à la justice indienne plus de 40 personnes soupçonnées d'avoir joué un rôle dans les attaques.La liste de personnes à livrer remise par l'Inde au Pakistan comprend les fondateurs d'au moins deux organisations séparatistes cachemiries en lutte contre la présence indienne au Cachemire et qui, selon New Delhi, ont élargi leur champ d'action aux villes indiennes.


Gilani a confirmé de son côté l'arrestation de deux membres de Lashkar-e-Taiba soupçonnés d'être impliqués dans les attaques de Bombay. Les deux hommes, Zaki-ur-Rehman Lakhvi et Zarrar Shah, sont actuellement interrogés, a-t-il dit.