
Huit mille manifestants sont descendus samedi dans les rues de Chemnitz, dans l'est de l'Allemagne lors d'une double manifestation : les uns venaient protester contre la politique migratoire d'Angela Merkel, d'autres pour exprimer leur soutien.
C'était une bataille idéologique qui se jouait samedi 1er septembre à Chemnitz, dans l'est de l'Allemagne. D'un côté, des milliers de personnes affiliées à l'extrême droite allemande sont venues protester contre la politique migratoire d'Angela Merkel. De l'autre côté, d'autres manifestants ont répondu venant défendre la politique d'accueil de la chancelière. Au total, ce sont au moins 8 000 personnes qui ont défilé dans les rues.
Chemnitz est depuis une semaine l'épicentre de la mobilisation de l'extrême droite allemande contre les étrangers, après un meurtre dont le suspect est un demandeur d'asile irakien.
Contrairement à de précédents rassemblements où la police locale fut débordée, les forces de l'ordre ont cette fois empêchée des violences. Aucune échauffourée n'a été signalée même si la tension a été palpable à plusieurs reprises dans la soirée.
Des forces de l'ordre mobilisées
Afin d'éviter une confrontation entre manifestants des deux bords, la police avait restreint le parcours des militants d'extrême droite. Si certains sont malgré tout restés sur place alors que l'ordre leur avait été intimé de quitter les lieux, leur cortège s'est finalement dispersé dans le calme.
Environ 4 500 personnes ont défilé à l'appel de divers mouvements de droite radicale mais aussi du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) et du mouvement anti-islam et anti-Merkel Pegida, selon la police.
« Nous sommes des citoyens, pas des nazis. Vous avez du sang sur les mains », a écrit Steffen, qui accuse Merkel d’avoir « livré l’Allemagne à des tas de criminels ». Que faire ? « Renverser le gouvernement par une révolution pacifique, comme en 1989 », dit-il #chemnitz pic.twitter.com/XXRxqvZvX0
Thomas Wieder (@ThomasWieder) 1 septembre 2018Certains scandaient "nous sommes le peuple", reprenant le slogan des manifestants lors de la chute du régime communiste de RDA à l'automne 1989, ou encore "Merkel dégage !" en portant des drapeaux allemands. D'autres défilaient avec de grands portraits de victimes d'attaques perpétrées, selon eux, par des demandeurs d'asile.
En parallèle, à l'appel de plusieurs associations et partis politiques de gauche, environ 3 500 personnes, selon la police, ont manifesté avec le mot d'ordre: "le cœur plutôt que la haine".
"Chemnitz n'est ni grise ni brune"
"Chemnitz n'est ni grise ni brune", pouvait-on lire sur une immense affiche collée sous l'imposant buste de Karl Marx situé devant l'Hôtel de Ville. Chemnitz fut baptisée Karl-Marx-Stadt durant la période communiste en RDA.
« Les droits de l’homme plutôt que des hommes de droite » #chemnitz pic.twitter.com/CEgaazFk7t
Thomas Wieder (@ThomasWieder) 1 septembre 2018"Nous ne laisserons pas les extrémistes de droite détruire notre pays et notre démocratie. Ni à Chemnitz, ni en Saxe, ni nulle part en Allemagne. Notre constitution doit primer. Nous devons la défendre. Maintenant !", a déclaré l'un des dirigeants fédéral des Verts, Cem Özdemir, d'origine turque.
Le gouvernement, par la voix du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas, a apporté son soutien à cette dernière manifestation.
"La Deuxième Guerre mondiale a commencé il y a 79 ans. L'Allemagne a causé des souffrances inimaginables à l'Europe. Si à nouveau des gens défilent aujourd'hui dans les rues en effectuant le salut nazi, notre histoire passée nous oblige à défendre résolument la démocratie", a-t-il écrit sur Twitter.
Il y a une semaine, 800 sympathisants d'extrême droite avaient effectué une "chasse aux étrangers" dans la ville, après l'homicide qui a mis le feu aux poudres.
Et le lendemain, des affrontements entre plus de 2 000 protestataires d'extrême droite et environ un millier de contre-manifestants proches de l'extrême gauche avaient également fait plusieurs blessés.
Avec AFP