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L'Équateur se retire de l'union régionale Alba sur fond de désaccord pour régler la crise migratoire

L'Équateur a annoncé jeudi son départ de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), créée en 2004 à l'initiative du Venezuela et de Cuba, pour protester contre "le manque de volonté" de Caracas de régler la crise migratoire actuelle.

Neuf ans après, le gouvernement équatorien de Lenin Moreno prend ses distances avec le Venezuela. Jeudi 23 août, il a pris la décision de quitter l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba). Quito "annonce qu'il ne poursuivra pas sa participation [à l'Alba]", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre des Affaires étrangères, Jose Valencia.

Il a aussi précisé que son pays ne rejoindrait toutefois pas "d'autres alliances d'États qui ne proposeraient pas de solution constructive" à la crise économique qui sévit au Venezuela, qui était le principal allié de l'Équateur à l'époque de l'ancien président Rafael Correa.

L'Équateur avait rejoint l'Alba en 2009, une initiative d'intégration politique et économique créée en 2004, sous l'impulsion des présidents vénézuélien et cubain, Hugo Chavez et Fidel Castro, dans le but de faire contrepoids à l'Organisation des États américains (OEA) et à l'influence des États-Unis dans la région.

2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays pour fuir la misère

Le ministre des Affaires étrangères équatorien a souligné que son gouvernement était "déçu par le manque de volonté politique" du gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro pour "trouver une porte de sortie démocratique" au conflit avec son opposition dans un pays en crise économique, bien que disposant des plus grandes réserves pétrolières du monde. "Seule une stabilité démocratique au Venezuela conduira à une stabilité économique qui permettra de juguler l'exode massif des citoyens", a ajouté Jose Valencia.

L'Équateur se retire de l'union régionale Alba sur fond de désaccord pour régler la crise migratoire

Avec la sortie de l'Équateur, l'Alba comprend désormais onze pays : Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, la Dominique, la Grenade, le Nicaragua, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname et le Venezuela.

Les Vénézuéliens sont étranglés par la crise économique : l'inflation pourrait atteindre 1.000.000 % fin 2018, selon le Fonds monétaire international, et le produit intérieur brut devrait s'effondrer de 18 %. Ces dernières années, des millions de personnes ont préféré partir. Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de Vénézuéliens ayant quitté leur pays pour fuir la misère. Une vague de migration massive qui met toute la région sous tension.

Contrôles des réfugiés accru en Équateur et au Pérou

Les Nations unies ont appelé jeudi 23 août les pays latino-américains à continuer d'accueillir les réfugiés vénézuéliens, dénonçant les nouvelles exigences aux frontières mises en place par l'Équateur et le Pérou. Elles se disent dans un communiqué "préoccupé(e)s par plusieurs événements récents touchant les réfugiés et les migrants en provenance du Venezuela."

Le Pérou s'attend à accueillir 100 000 réfugiés dans les prochaines semaines, ce qui porterait à 500 000 le nombre de personnes arrivées sur son territoire depuis le Venezuela. Afin d'exercer "un meilleur contrôle migratoire pour des raisons sécuritaires", selon le ministre de l'Intérieur péruvien Mauro Medina, le pays va exiger à partir du samedi 25 août un passeport des Vénézuéliens cherchant à s'établir sur son sol. L'Équateur, qui sert de pays de passage pour nombre de réfugiés, a mis en place la même règle le 18 août.

La Colombie, qui a reçu plus d'un million de Vénézuéliens au cours des seize derniers mois et en a régularisés temporairement 820 000, a dénoncé la mesure prise par ses voisins, estimant que cela favorisait les migrations clandestines.

Les ministres des Affaires étrangères de 13 États de la région sont invités à échanger sur la crise migratoire au Venezuela les 17 et 18 septembre prochain à Quito, capitale de l'Équateur

Avec AFP