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Au Zimbabwe, les opposants arrêtés attendent en prison, le président tente l'apaisement

Les autorités zimbabwéennes n'ont pas encore statué sur le sort d'une vingtaines d'opposants, incarcérés depuis jeudi, après la victoire contestée du président sortant Emmerson Mnangagwa. Ce dernier tente de jouer la carte de l'apaisement.

Des opposants dans l’expectative. La justice zimbabwéenne n'a pas tranché samedi 5 août le cas de la vingtaine de contestataires emprisonnés depuis jeudi, après la victoire contestée du président sortant Emmerson Mnangagwa, qui a appelé à l'apaisement dans l'espoir de tourner la page de l'ère Mugabe.

Mnangagwa a obtenu de justesse la majorité (50,8 %) des voix à l'élection présidentielle de lundi, la première depuis la chute du président Robert Mugabe, en novembre 2017, après près de quatre décennies au pouvoir. Il appartient, comme Mugabe, au parti de la Zanu-PF, aux commandes du pays depuis l'indépendance en 1980.

Arrestations

Après un vote dans le calme, la situation a dégénéré mercredi quand la police et l'armée ont réprimé une manifestation de l'opposition, faisant au moins six morts.

Le lendemain, la police a perquisitionné les locaux du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), arrêtant une vingtaine de personnes, inculpées de violences sur la voie publique.

Samedi, 24 personnes dont huit femmes ont comparu devant le tribunal de Harare, qui a renvoyé l'audience à lundi pour décider de leur éventuelle mise en liberté provisoire. "Ils savent qu'ils sont innocents mais ils veulent juste les punir et nous faire peur", a réagi Gideon Pate, un militant du MDC.

"On a peur de sortir"

La situation était calme samedi à Harare mais restait tendue, notamment en banlieue. À Chitungwiza (banlieue sud), "des gens ont été battus par des soldats [vendredi] soir", a affirmé Christine, une commerçante. "Ils n'avaient rien fait. Les soldats sont encore là, on a peur de sortir".

La même nuit, un journaliste de NewsDay a été arrête pendant plusieurs heures par la police, qui l'a empêché de couvrir ses opération à Kuwadzana (banlieue ouest), selon l'institut de défense de la presse Misa.

Plusieurs victimes de la répression ont été enterrées samedi. Les funérailles de Sylvia Maphosa, une femme tuée par balles, ont rassemblé plusieurs centaines de personnes, de même que celles de Ishmail Kumire, un marchand de fruits, lui aussi tué par balles mercredi.

"Il vendait juste ses tomates. C'était un partisan du parti au pouvoir - et c'est ce même parti qui l'a tué", a affirmé son frère, Steven Matope.

L’apaisement

De son côté, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, joue la carte de l'apaisement. L'élection marque "un nouveau départ" pour "construire un nouveau Zimbabwe pour tous", a-t-il déclaré vendredi.

Il a promis une enquête indépendante sur les violences et dénoncé certaines méthodes policières. Il a aussi défendu son élection, assurant qu'elle avait été "libre, juste et crédible".

Sans convaincre Nelson Chamisa, le jeune chef de l'opposition, âgé de 40 ans, qui a de nouveau dénoncé samedi des fraudes. "Nous avons gagné, mais ils ont déclaré le contraire. Vous avez voté et ils ont triché", a-t-il estimé sur son compte Twitter.

Le MDC a promis de saisir la justice, assurant avoir des "preuves" des fraudes.

Avec AFP

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