L'Iran a conduit, jeudi, des manœuvres navales dans le détroit d’Ormuz, selon l'armée américaine. Un exercice effectué à une date inhabituelle dans ce couloir maritime pétrolier, juste avant le retour des sanctions de l'administration Trump.
Alors que les tensions se sont encore accrues entreTéhéran et Washington, l'Iran a effectué un exercice naval dans le très stratégique détroit d’Ormuz, a indiqué, jeudi 3 août, un responsable américain du ministère de la Défense. Cette manœuvre militaire intervient trois jours seulement avant le retour des sanctions américaines contre Téhéran.
L'Iran conduit habituellement des opérations de cette nature et de cette échelle plus tard dans l'année, à l'automne. Cette année l’exercice intervient à une date inhabituelle. Une douzaine de bateaux étaient à la manœuvre tôt jeudi matin, a confié le responsable militaire, sous couvert d'anonymat. Il s'agissait principalement, selon cette même source, de petits navires d'attaque, qui n'ont pas approché les vaisseaux américains présents dans la région.
Le détroit d’Ormuz, large de 40 kilomètres, situé entre le Golfe d’Oman et le Golfe persique, est un important couloir maritime. Il constitue un point de passage pour plus de 30 % du commerce mondial de pétrole. À plusieurs reprises, le Guide suprême iranien et les Gardiens de la révolution ont brandi la menace d’un blocage si les exportations de pétrole venaient à être bloquées par les sanctions américaines.
Des responsables américains estiment que ces manœuvres navales doivent être interprétées comme un message adressé à l'administration Trump. Cette dernière a intensifié ses pressions économiques et diplomatiques pour isoler l'Iran, depuis que Washington s'est retiré de l'accord international censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.
Le capitaine Bill Urban, porte-parole du commandement central américain des armées (Centcom), a reconnu dans un communiqué que les États-Unis étaient "informés d'un accroissement" des opérations navales de l'Iran dans le Golfe, le détroit d'Ormuz et le golfe d'Oman. "Nous surveillons cela de près, et nous continuerons à travailler auprès de nos partenaires pour assurer la liberté de navigation et la libre circulation commerciale dans les eaux internationales", a ajouté Bill Urban.
Jusqu’ici, l'Iran, plutôt discret sur ce type de manœuvres, n'a fait aucun commentaire à ce sujet.
Zarif ironise dans un Tweet
Ironisant sur la communication des États-Unis autour de cette manœuvre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a réagi sur Twitter. Il s’est moqué de l’armée américaine qui emploie régulièrement le terme de "Golfe arabique" au lieu du "Golfe persique", où ont eu lieu les exercices militaires iraniens.
US Navy can’t seem to find its way around our waters. Perhaps because it hasn’t figured out its name: Persian Gulf, as it's been called for 2,000 yrs longer than US has existed. Or maybe it doesn't know what it's doing in our backyard, 7,000 miles from home. pic.twitter.com/g05yqSTisi
Javad Zarif (@JZarif) 3 août 2018La polémique autour de cette terminologie est très ancienne. Elle oppose l’Iran et les pays arabes du Golfe sur fond de nationalisme.
Avec AFP et Reuters