Le président nicaraguayen a salué, mardi, le travail de l’armée et assuré que le pays, qui traverse une crise profonde, avait recouvré la "paix". La veille, il avait contesté le bilan du nombre de victimes, qui selon les ONG s'élève à 300 morts.
Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a rendu hommage mardi 31 juillet à l'armée, restée pour l'heure en marge de la profonde crise que traverse le pays. L'ancien guerillo a affirmé que le pays avait recouvré la paix et vaincu le "terrorisme".
La veille, au cours d'une série d'entretiens à des chaînes d'information internationales, le président nicaraguayen Daniel Ortega est revenu sur la profonde crise que traverse son pays depuis la mi-avril. Il a également contesté le bilan de 300 morts communiqué par les ONG.
Le Nicaragua est en proie depuis le 18 avril à un mouvement de contestation antigouvernementale durement réprimé, qui a fait plus de 300 morts et 2 000 blessés, selon plusieurs organisations des droits de l'Homme, qui chiffrent à 1 900 le nombre de personnes interpellées, dont 488 sont toujours en détention et 98 inculpées.
Un chiffre dénoncé par le président de gauche qui accuse les ONG d'être "politisées" et a dévoilé un nouveau bilan officiel de "195 décès".
"Ces chiffres (des ONG) n'ont pas été affinés, n'ont pas été vérifiés. Ce sont des plaintes qu'ils reçoivent et additionnent, additionnent et additionnent", a déclaré M. Ortega sur CNN en espagnol.
"Le pays était soumis à la terreur"
Mardi, le chef d'État présidait la cérémonie du 39e anniversaire de l'armée de l'air, "un anniversaire de paix", selon lui, en dépit des événements récents.
Ces dernières semaines, a-t-il déclaré dans un long discours devant les militaires, "le pays était soumis à la terreur. Des pratiques terroristes qui étaient inconnues dans notre pays", qui ont vu "enlever des citoyens, enlever des policiers, enlever des femmes, des jeunes, les torturer", selon lui.
Dans ce pays pauvre d'Amérique centrale, qui a vécu deux guerres civiles dans les années 1970 et 1980, les militaires jouent un rôle crucial et des voix s'élèvent pour réclamer leur intervention contre les groupes paramilitaires proches du gouvernement.
Durant la crise, l'armée s'est rarement exprimée : elle s'est engagée à ne pas réprimer les manifestants et a appelé au dialogue et à la fin des violences. Une attitude parfois ambiguë, des habitants signalant la présence de soldats ou ex-militaires dans les interventions des forces de l'ordre.
L'opposition dans la rue
Répliquant aux assurances présidentielles sur un retour à la paix, un dirigeant du Frente amplio para la democracia (FAD, opposition), l'ex-député José Pallais, a dénoncé auprès de l'AFP une aggravation de la répression.
De son côté, l'opposition a manifesté à nouveau mardi à Managua aux côtés de plusieurs centaines de salariés de la Santé, solidaires de leurs collègues licenciés des hôpitaux publics – estimés à près d'une centaine – pour avoir porté assistance aux blessés durant les manifestations.
Avec AFP