
L'ONG Amnesty International évoque, dans un rapport publié jeudi, des tortures assimilables à des "crimes de guerre" dans des prisons secrètes des Émirats arabes unis dans le sud du Yémen.
"Dieu seul sait s'il est vivant". Le nom du rapport d’Amnesty International publié jeudi 12 juillet donne le ton. L’ONG estime que les violations des droits de l'Homme dans des prisons secrètes des Émirats arabes unis dans le sud du Yémen peuvent être "assimilées à des crimes de guerre".
Dans un rapport publié un an après les premières informations sur ces prisons, Amnesty évoque des "violations flagrantes" qui y ont été commises "y compris des disparitions forcées, des tortures et autres mauvais traitements assimilables à des crimes de guerre".
Amnesty appelle "les partenaires des Émirats dans le domaine du contre-terrorisme dont les États-Unis" à "prendre position contre les tortures présumées, y compris en enquêtant sur le rôle de personnel américain dans les abus liés à ces détentions au Yémen et en refusant d'utiliser des informations obtenues probablement sous la torture ou les mauvais traitements".
Le rapport décrit les souffrances des proches des dizaines de personnes arrêtées qui n'arrivent pas à obtenir des informations sur leur sort. "Lorsqu'ils exigent de savoir où sont détenus leurs proches ou même s'ils sont encore en vie, leurs demandes sont accueillies avec silence ou intimidation", déplore l'ONG.
Démenti des Émirats arabes unis
L'organisation indique avoir enquêté entre mars 2016 et mai 2018 sur les cas de 51 hommes arrêtés et détenus dans le sud du Yémen par les Émirats arabes unis et les forces yéménites qui sont alliés à ce pays membre de la coalition qui intervient militairement au Yémen contre les rebelles Houthis. Amnesty affirme que "19 de ces hommes sont portés disparus".
Les Émirats arabes unis ont démenti avec force diriger ou encadrer des prisons secrètes dans le sud du Yémen. Depuis qu'ils ont commencé leur intervention au Yémen en mars 2015, les Émirats ont créé, formé, équipé et financé diverses forces de sécurité locales connues sous le nom de "ceintures de sécurité" et de "forces d'élite". Ce pays a également noué, selon Amnesty International, des alliances avec les responsables yéménites de la sécurité qui agissent hors de l'autorité du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
La question des prisons a été au centre d'une visite lundi à Aden de la ministre d'État émiratie à la Coopération internationale Rim al-Hachémi. Celle-ci a rencontré le président Hadi et le ministre de l'Intérieur Ahmed Maisari qui a insisté sur la "fermeture de prisons et la nécessité de les soumettre au contrôle de la justice", selon l'agence Saba contrôlée par le gouvernement.
Avec AFP