Pyongyang va de nouveau autoriser les déplacements entre les deux Corées. Parallèlement, le pays a placé son armée en état d'alerte en vue des manœuvres militaires que les États-Unis et la Corée du Sud doivent mener ce lundi.
REUTERS - La Corée du Nord a accepté de rouvrir sa frontière avec la Corée du Sud et d'autoriser la reprise des visites touristiques et des réunions des familles séparées par la ligne de démarcation établie après la guerre de 1950-1953, rapporte dimanche l'agence de presse nord-coréenne KCNA.
Mais comme pour souligner que les tensions restent vives entre les deux Corées, KCNA a fait suivre cette information par une dépêche soulignant que tout le pays était en état d'alerte en raison des exercices militaires que les Etats-Unis et la Corée du Sud doivent mener à partir de lundi.
La décision de rouvrir la frontière fait suite à une rencontre entre le numéro un nord-coréen Kim Jong-il et la dirigeante du groupe sud-coréen Hyundai, Hyun Jeong-eun, venue à Pyongyang demander la libération d'un de ses employés arrêté il y a près de cinq mois - libération qu'elle a obtenue jeudi.
Au début du mois, l'ancien président américain Bill Clinton avait également obtenu la libération de deux journalistes américaines emprisonnées pour être entrées illégalement dans le pays.
KCNA a précisé que Kim avait accordé vendredi "une longue audience" et avait eu un "entretien cordial" avec la dirigeante de Hyundai, "se pliant à toutes ses demandes".
Les relations difficiles entre les deux Corées se sont encore tendues depuis l'accession il y a dix-huit mois à la présidence sud-coréenne de Lee Myung-bak, qui a décidé de suspendre l'aide au Nord tant que celui-ci n'aura pas renoncé à son programme nucléaire militaire.
Manœuvres militaires
Aux termes de l'accord annoncé dimanche, le passage de la ligne de démarcation sera à nouveau autorisé et le site touristique des Monts Kumgang, près de la frontière, sera rouvert.
Pyongyang va aussi autoriser à partir d'octobre la reprise des rencontres entre membres des familles séparées depuis la fin de la guerre.
On ignore si la dirigeante de Hyundai a accepté, comme le demandait la Corée du Nord, d'augmenter sensiblement les salaires des employés nord-coréens qui travaillent sur le site industriel de Kaesong. Cette zone, du côté nord de la frontière, est gérée par une filiale du groupe Hyundai, Hyundai Asan.
Quelques heures avant l'annonce de l'accord, la Corée du Nord s'était élevée avec violence contre les prochains exercices militaires entre la Corée du Sud et les Etats-Unis et avait menacé d'"éradiquer" ces pays par des frappes nucléaires si jamais ils osaient viser Pyongyang.
Les armées américaines et sud-coréennes entameront lundi des simulations informatiques et des exercices de communication. La Corée du Nord dénonce régulièrement ces manoeuvres conjointes, qu'elle présente comme des préparatifs à une invasion ou à une guerre nucléaire.
"Si les impérialistes américains et le groupe (du président sud-coréen) Lee Myung-bak menacent avec des armes nucléaires la DPRK (la Corée du Nord), celle-ci ripostera avec des armes nucléaires", a déclaré un responsable militaire à KCNA.
"Les impérialistes américains et le groupe Lee Myung-bak doivent bien comprendre que l'armée populaire de Corée, d'une volonté de fer, est résolue à agir à tout moment pour éradiquer sans merci les agresseurs."
Les Etats-Unis disposent d'environ 28.500 soldats en Corée du Sud, dont les forces armées comprennent 670.000 hommes.
L'armée nord-coréenne, mal équipée selon les analystes, est forte de 1,2 million de militaires.