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Mondial-2018 : face à la rugueuse Uruguay, les Bleus se préparent au combat

envoyé spécial à Nijni Novgorod – Revenue en grâce aux yeux du grand public après le festival offensif des huitièmes face à l’Argentine, la France se prépare à affronter un tout autre adversaire en quart de finale du Mondial-2018 : l’Uruguay, un mélange de talent et de béton armé.

Au regard des multiples surprises que la Coupe du monde 2018 réserve depuis maintenant près d'un mois, France - Uruguay se pose comme la grosse affiche des quarts de finale du tournoi, en concurrence avec un Brésil - Belgique qui s'annonce plus débridé. Les Bleus face à la Celeste, vendredi 6 juillet à Nijni Novgorod (16 h, heure de Paris), c’est une affiche qui sent bon la partie d’échecs, les coups d’épaule et les tacles en retard : un vrai duel de guerriers avec, en jeu, une place en demi-finale de la reine des compétitions.

Face à une médiocre Argentine en huitièmes de finale, la France pouvait difficilement se cacher sous un costume d’outsider. En quart, la tendance s’est inversée face à cette Uruguay qui n’en finit plus d’impressionner. Depuis le début du tournoi, l'Uruguay a gagné tous ses matchs, a marqué sept buts et n'en a encaissé qu'un, face au Portugal en huitièmes. La France peut également se targuer d’avoir marqué à sept reprises, mais en matière d’analogies, difficile d’aller plus loin.

Devant comme derrière, les Bleus ont alterné l’excellent et le moins bon. Impuissants face au Danemark en attaque (0-0), ils n’ont pas non plus été toujours intraitables en défense, comme l’illustre une statistique simple : Hugo Lloris est déjà allé chercher la gonfle à quatre reprises dans ses propres filets, un ratio certes plombé par les trois buts encaissés face à l’Albiceleste.

Bête grise

Difficile donc d'enlever à l'Uruguay la bataille des chiffres. En creusant un peu, l'histoire ne va pas non plus dans le sens des Bleus. Sans pour autant parler de bête noire, dire que la Celeste ne réussit pas trop à la France relève de l'euphémisme. Les deux sélections se sont rencontrées à huit reprises. Les Français, vaincus par trois fois, n'ont battu le double champion du monde qu'à une seule occasion dans leur histoire. Un succès 2-0 qui date d'août 1985 en Coupe Intercontinentale.

Qui s’en souvient ? Pas les Bleus en tout cas, puisque Steve Mandanda, doyen des 23, avait à peine cinq mois au moment des faits. Ce dont ils se souviendront, en revanche, c’est que les deux derniers France - Uruguay en Coupe du monde (2002 et 2010) s’étaient soldés sur deux scores nuls et vierges. Et il y a huit ans, Cavani et Suarez étaient présents, mais ils n’avaient encore rien des tueurs qu’ils sont devenus depuis.

"El Matador" trop court ?

Cavani, justement, est au centre des questions en conférence de presse depuis plusieurs jours. Le goleador du PSG, brillant depuis le début du tournoi, a été contraint de quitter ses coéquipiers face au Portugal en raison d’une pointe à un mollet. Et depuis quelques jours, le staff technique uruguayen souffle le chaud et le froid quant à sa présence sur la feuille de match face aux Bleus.

Une tendance se dégage tout de même très clairement : à moins d’un miracle, "El Matador" ne sera pas aligné d’entrée. Pour Adil Rami, interrogé en conférence à deux jours du match, "il faut arrêter de nous faire croire qu'il sera disponible contre nous". "J'ai connu une petite blessure au mollet et ça m'a pris du temps. […] Donc je pense que s'il joue contre nous, il aura bien ‘démonté’ la science, lui", renchérit même le défenseur de l’OM.

Pas de Cavani, ce serait forcément un soulagement pour les Bleus, même si dans cette Uruguay version 2018, le danger peut venir de partout. Suspendu – et probablement remplacé par Tolisso dans le 4-2-3-1/4-3-3 déjà aligné par Deschamps face à l’Argentine – Blaise Matuidi s’est longuement confié sur les qualités du prochain adversaire de la France. En tête d’affiche, sans surprise, Luis Suarez.

Arrière-garde athlétique

"C’est un grand attaquant, il joue dans l’un des plus grands clubs du monde et marque beaucoup, beaucoup de buts. C’est un joueur difficile à prendre, il fait beaucoup d’appels, il adore les duels, il est très accrocheur aussi", analyse le milieu de terrain des Bleus, qui rend hommage sans équivoque à "un joueur fantastique".

Derrière aussi, cette Uruguay a de quoi faire peur. Dans l'axe, la charnière composée de Diego Godin et José Maria Gimenez se connaît par cœur, puisqu'elle évolue tout au long de l'année dans l'axe de l'ossature de l'Atletico Madrid. Au programme, de la densité physique et peu d’espaces, autant dire une belle galère en perspective pour les flèches bleues que sont Mbappé ou encore Griezmann, qui connait parfaitement ses deux vis-à-vis pour les croiser quotidiennement en club et ne se voilait pas la face, en début de semaine. "Ils vont prendre leur temps, ils vont tomber, ils vont aller sur l’arbitre. C’est leur jeu, c’est celui qu’on a à l’Atlético. Le match va être chiant, ils vont vouloir nous amener de leur côté", prophétisait-il devant la presse.

Aspirer l’adversaire et se projeter rapidement en contre, autrement dit la clé d’un côté comme de l’autre pour ce France – Uruguay qui, sauf scénario improbable, n’aura rien à voir avec l’orgie offensive du tour précédent face à l’Argentine. Face à la Celeste, les Bleus auront forcément moins de munitions. Il faudra donc viser juste.

• Les compositions probables :

France : Lloris - Pavard, Varane, Umiti, Hernandez - Pogba, Kanté - Mbappé, Griezmann, Tolisso - Giroud.

Uruguay : Muslera - Caceres, Gimenez, Godin, Laxalt - Nandez, Torreira, Vecino, Bentancur - Stuani, Suarez.