
Geoffroy Roux de Bézieux est devenu, mardi, le nouveau président du Medef, succédant à Pierre Gattaz. Décrit comme un libéral en économie, il est aussi féru de nouvelles technologies.
Après la "start-up nation" d'Emmanuel Macron, c'est au tour du Medef de mettre davantage l'accent sur le numérique avec l'élection de son nouveau président. Geoffroy Roux de Bézieux. Ce patron du fonds d'investissement Notus Technologies a été désigné, mardi 3 juillet, pour succéder à Pierre Gattaz à la tête du principal syndicat du patronat français.
L'homme d'affaires de 56 ans, doté d'une image de patron libéral, est censé incarner un Medef plus moderne. Geoffroy Roux de Bézieux était depuis juillet 2013 chargé du pôle regroupant l'économie, la fiscalité, l'innovation et le numérique au Medef. À ce titre, il a fondé l'Université du numérique que le Medef organise depuis quatre ans.
Merci à notre Assemblée Générale, aux fédérations, aux territoires et à tous nos adhérentes et adhérents pour leur confiance exprimée ce matin. Fier de pouvoir conduire aux destinées d’un @medef uni et rassemblé pic.twitter.com/tNUpYrwmcj
G Roux de Bézieux (@GeoffroyRDB) 3 juillet 2018The Phone House et Virgin Mobile
Il s'est aussi fait connaître professionnellement dans les années 1990 en fondant The phone house, la première chaîne de magasins dédiés à la téléphonie mobile. En 2006, il lance Virgin Mobile, qu'il revend en 2014 à Numericable pour 325 millions d'euros. Cet entrepreneur investit également depuis le début des années 2000 dans des start-up.
"Très tôt, il a compris ce qu'il se passait dans l'univers du numérique", a déclaré à Reuters Maurice Lévy, président du Conseil de surveillance de Publicis. "Il comprend beaucoup mieux les nécessités auxquelles nous allons devoir faire face dans le monde du travail."
Geoffroy Roux de Bézieux a d'ailleurs affirmé vouloir faire des "mutations technologiques" son fil rouge pour les cinq années à venir. "Les métiers vont changer, les entreprises vont changer, le rôle du travail va changer et donc, quel que soit le sujet que l'on traite, il faut le traiter à l'aune de ce regard-là", a-t-il assuré à Reuters.
Un autre de ses chantiers sera de positionner le Medef par rapport au président Emmanuel Macron, dont plusieurs réformes ont été plutôt bien accueillies par Geoffroy Roux de Bézieux. Le président a "redonné confiance aux entrepreneurs" en flexibilisant le marché du travail, en mettant en place un barème sur les indemnités prud'homales en cas de licenciement jugé abusif ou en réformant la formation professionnelle, a estimé le nouveau patron des patrons français.
Revendications libérales
Il a néanmoins trouvé un premier angle d'attaque : le déficit budgétaire. "Il y a un effort qui est modéré sur les dépenses publiques", souligne Geoffroy Roux de Bézieux. Et de préciser que cette réduction est indispensable pour permettre une baisse des prélèvements obligatoires et le rétablissement des comptes publics.
Dans la lignée de Pierre Gattaz, il réclame la suppression des impôts de production et une diminution des charges sociales, deux éléments qui contribuent selon lui au retard de compétitivité des entreprises françaises. Pour les syndicats, il s'agit de revendications libérales entendues de nombreuses fois de la part du patronat.
"Le mot libéral n'est pas un gros mot", estime Maurice Lévy. "Le gros mot, c'est quand on ajoute ultra, c'est-à-dire qu'on ne pense qu'en termes libéraux. Libéral, ça ne veut pas dire non plus opposé à un contrat social." Geoffroy Roux de Bézieux plaide d'ailleurs pour un dialogue social décentralisé au niveau des branches et des entreprises.
"Force de proposition"
"Quand on veut discuter temps de travail, temps partiel, contrats, formation, ce n'est pas forcément pertinent de le faire à un niveau national", a-t-il déclaré aux membres de l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF) en amont des élections.
Il souhaite par ailleurs mettre en place un agenda "économique et social" avec les partenaires sociaux pour devenir "force de proposition". "Il est urgent de porter des thèmes comme les mutations économiques", dit-il, soit de se questionner sur les "emplois de demain".
"La solution qui consisterait à ne pas en parler nous amène quelques fois à attendre d'être au bord du précipice pour aborder les discussions."
Avec Reuters