L'organisation islamiste palestinienne Djound Ansar Allah a défié, vendredi, le Hamas en proclamant un "émirat islamique" dans la bande de Gaza. Des combats entre les deux groupes à Rafah, près de l'Égypte, ont tué au moins 16 hommes.
REUTERS - Le Djound Ansar Allah, organisation islamiste palestinienne, a défié vendredi le Hamas en proclamant la création d'un "émirat islamique" dans la bande de Gaza et 16 hommes ont été tués dans des affrontements entre les deux groupes.
Les "combattants de Dieu", qui défendent un islamisme pan-arabe aligné sur celui d'al Qaïda, avaient réuni quelques centaines d'hommes pour leur démonstration de force devant une mosquée de Gaza.
Cette manifestation a été suivie d'affrontements entre militants du Hamas et partisans du Djound Ansar Allah à Rafah, près de la frontière égyptienne.
Les services médicaux ont fait état de 16 morts parmi les protagonistes et de 85 blessés, parmi lesquels des civils et des enfants.
Le Hamas a déclaré que ses hommes avaient pris d'assaut le bastion du mouvement et notamment la mosquée où Abdel-Latif Moussa - connu par ses partisans sous le nom de guerre d'Abou al-Nour al-Makdessi - avait annoncé, avant la grande prière du vendredi, l'instauration d'un régime théocratique dans la bande de Gaza, à commencer par Rafah.
"Nous proclamons la naissance de l'émirat islamique", a déclaré Moussa, un religieux d'âge moyen, entouré de quatre gardes du corps vêtus de noir, au visage dissimulé et armés de fusils d'assaut. L'un d'entre eux portait ce qui paraissait être une ceinture d'explosifs.
Plusieurs centaines d'hommes se pressaient dans la mosquée et ont applaudi. Al Qaïda utilise le terme historique "émirat" pour désigner un régime religieux dans le monde islamique.
Ismaïl Haniyeh, qui dirige le gouvernement du Hamas, à Gaza, a démenti dans son prêche de vendredi que des non-Palestiniens armés se trouvent dans le territoire, ainsi que l'a assuré Israël qui affirme que des anciens combattants des guerres d'Irak et d'Afghanistan se sont installés dans la bande de Gaza.
"De tels groupes n'existent pas sur le sol de la bande de Gaza (...) il n'y a pas de combattants à Gaza, si ce n'est des combattants gazaouis", a-t-il dit, ajoutant qu'une telle "propagande sioniste" d'Israël a pour but de dresser le monde contre le Hamas.
Le groupe de Makdessi a signalé sa présence à Gaza il y a deux mois lorsque trois de ses membres ont été tués lors d'un raid contre une base israélienne à la frontière.
Vendredi devant la mosquée, près de 100 membres du groupe, le visage dissimulés et vêtus dans un style pakistanais, avec de longs cheveux s'inspirant d'une coiffure attribuée au prophète Mahomet, brandissaient des armes automatiques et des fusils RPG.
Sami Abou Zouhri, responsable du Hamas, a estimé que l'initiative de Makdessi relevait de "l'erreur de jugement".
Le ministère de l'Intérieur du territoire, contrôlé par le Hamas, a qualifié Makdessi de "fou".
Pour les spécialistes du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique accorde la priorité aux objectifs strictement palestiniens, et non à des buts transnationaux typiques d'un réseau comme Al Qaïda. Mais des tensions se feraient jour au sein du mouvement entre pragmatiques et radicaux, notent-ils.
Le Hamas refuse de dénoncer les violences contre Israël mais a condamné les attentats commis par Al Qaïda.
Dans son discours, Makdessi a indiqué que son groupe ne prendrait pas l'initiative d'agresser le Hamas mais, a-t-il ajouté, "quiconque fera verser notre sang versera à son tour son sang".