La police du Hamas a échangé des coups de feu près d'une mosquée de Rafah avec un groupe de Palestiniens qui venait de proclamer la bande de Gaza "émirat islamique". Au moins 13 personnes ont été tuées.
AFP - Au moins 13 Palestiniens ont été tués et 100 blessés vendredi dans la bande de Gaza dans des affrontements entre la police du Hamas, qui contrôle le territoire, et des membres d'un groupe salafiste, selon les services d'urgence.
D'après la même source, un chef de la branche militaire du Hamas figure parmi les morts, et 20 des blessés étaient grièvement atteints lors de ces accrochages, qui ont commencé dans l'après-midi et, selon des témoins, se poursuivaient avec intensité en soirée, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Selon des témoins, la police du Hamas encerclait une mosquée de Rafah dans laquelle s'étaient retranchés des membres du groupuscule salafiste Jund Ansar Allah, qui juge les maîtres actuels du territoire palestinien trop modérés.
Rafah, bastion local de la mouvance salafiste idéologiquement proche d'Al-Qaïda, se trouve sur la frontière avec l'Egypte.
Un responsable égyptien de la sécurité a ainsi affirmé qu'un enfant de trois ans avait été grièvement blessé par-delà cette frontière, par une balle perdue. De source hospitalière, il se trouve dans un état critique.
D'après les témoins, les échanges de tirs ont débuté lorsque la police du Hamas a voulu donner l'assaut, après que le groupe salafiste eut proclamé la création dans la bande de Gaza d'un "Emirat islamique", défiant le Hamas.
"Nous proclamons aujourd'hui la création d'un Emirat islamique dans la bande de Gaza", avait auparavant déclaré dans la mosquée, Abdelatif Moussa, chef du Jund Ansar Allah, ont précisé ces témoins.
Ce dernier était entouré de combattants armés lorsqu'il a tenu ces propos, a-t-on précisé de mêmes sources.
Selon le centre de surveillance de sites islamistes SITE, ce groupe salafiste palestinien a annoncé son allégeance à "l'Emirat islamique au coeur de Jérusalem", dans un communiqué publié vendredi sur son site internet et sur des forums islamistes.
En soirée, les policiers du Hamas ont fait sauter à la dynamite la maison à Rafah d'Abdelatif Moussa, selon un photographe de l'AFP. Il n'a pas été possible de vérifier si ce dernier se trouvait à son domicile au moment de l'explosion.
Les forces de police du Hamas ont d'autre part bloqué tous les accès de la ville de Rafah, selon le photographe.
Le ministère de l'Intérieur du gouvernement Hamas à Gaza a prévenu dans un communiqué que "toute personne hors-la-loi et portant des armes pour propager le chaos serait poursuivie et arrêtée".
Le Premier ministre du gouvernement Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait pour sa part démenti l'existence d'un tel groupuscule à Gaza, lors d'un sermon à la grande prière du vendredi, dans une mosquée de Beit Lahya.
Il a accusé "les médias israéliens de propager ces informations afin de dresser le monde contre Gaza".
Jund Ansar Allah ("Les soldats des partisans de Dieu") est un groupuscule radical qui entend faire appliquer strictement la charia (loi islamique) et reproche au Hamas d'être trop libéral en terme de moeurs.
D'après des témoignages, les membres de ce groupuscule ont ainsi menacé les propriétaires de cafés internet d'incendier leurs établissements, et veulent imposer davantage de pudeur et de rigueur sur les plages du petit territoire.
En juillet, il avait été accusé par le Hamas d'être à l'origine d'une explosion ayant fait 52 blessés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, lors du mariage du neveu de Mohammed Dahlane (ex-homme fort de Gaza membre du mouvement Fatah).
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza par la force en juin 2007 aux dépens du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.
Le petit territoire palestinien a en outre été le théâtre en décembre-janvier dernier d'une offensive israélienne contre le Hamas, qui a fait plus de 1.400 morts en 22 jours.