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Le nombre d'emplois détruits a baissé au deuxième trimestre

La conjoncture économique connaît une embellie en France : alors que le pays a renoué avec une croissance positive au deuxième trimestre, 74 100 emplois salariés ont disparu sur la même période, soit deux fois moins qu'au premier trimestre.

AFP - Le recul de l'emploi salarié s'est atténué en France au deuxième trimestre sur fond de légère reprise économique, principalement grâce à une moindre chute de l'intérim, mais les perspectives pour l'emploi restent plutôt sombres.

La France a enregistré 74.100 pertes nettes d'emplois dans les secteurs marchands au deuxième trimestre (-0,5% sur trois mois, -2,5% sur un an), après 168.400 au premier trimestre. Cela ramène le nombre de salariés à 15,6 millions, au plus bas depuis trois ans.

En un an, l'économie a détruit plus de 400.000 postes dans les secteurs marchands.

Ces données provisoires ont été diffusées vendredi par le ministère de l'Emploi, au lendemain de l'annonce d'une croissance surprise de 0,3% du PIB au deuxième trimestre, après quatre trimestres consécutifs de repli.

Le ministère a aussi fait état d'une hausse de 0,4% sur trois mois, et de 2,2% sur un an, de l'indice du salaire mensuel de base mais aussi de l'indice du salaire horaire de base des ouvriers. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,4% sur trois mois mais ont baissé de 0,5% sur un an.

Lors des trois premiers mois de 2009, l'économie avait détruit près de deux fois plus d'emplois salariés que sur l'ensemble de l'année 2008, un record historique qui avait attaqué le noyau des emplois durables.

Alors que la différence entre le nombre d'emplois créés et détruits était de plus en plus négative depuis quasiment un an, les chiffres du deuxième trimestre 2009 semblent marquer un infléchissement.

Pour l'Insee, "l'atténuation de la baisse est surtout imputable à la stabilisation de l'emploi intérimaire", qui a accusé 16.200 pertes nettes de postes au deuxième trimestre (-3,7% sur un trimestre), environ cinq fois moins qu'au trimestre précédent.  

En un an, le nombre de postes temporaires, comptabilisés dans les services - même quand il s'agit de missions effectuées dans l'industrie ou le bâtiment - a cependant chuté de 198.300 (-32,1%), selon l'institut.

Dans l'industrie, qui connaît une hémorragie d'effectifs depuis 2001, les destructions nettes d'emplois se sont accentuées de nouveau, tandis que dans les services, les pertes d'effectifs ont été moindres qu'au trimestre précédent "du fait essentiellement de l'intérim".

La construction a encore créé des emplois mais seulement 3.600.

La ministre de l'Economie et de l'emploi Christine Lagarde a noté "avec satisfaction" une "dégradation moins importante qu'au premier trimestre" qui "reflète en partie l'évolution favorable du PIB au deuxième trimestre" et "tire profit des mesures prises par les pouvoirs publics depuis plusieurs mois".

Mais elle a rappelé que "la situation du marché du travail devrait rester difficile au cours des prochains trimestres".

"Tant que les entreprises ne recommenceront pas à investir, elles ne créeront pas suffisamment d'emplois. Il ne faut pas s'attendre à des miracles à court terme", a expliqué la ministre vendredi dans Le Figaro.

Bercy avait estimé en juin que les destructions d'emplois salariés dans le privé en 2009 pourraient approcher de la dernière prévision du régime d'assurance chômage, à savoir -591.000.

L'Insee avait pronostiqué en juin une poursuite de la dégradation "rapide" du marché du travail et un taux de chômage dépassant la barre symbolique des 10% en fin d'année.

La hausse du chômage va se poursuivre, car "il y a toujours un décalage de deux à trois trimestres entre la reprise de l'activité et celle de l'emploi" comme l'a expliqué notamment l'économiste Eric Heyer (OFCE), et va peser sur la reprise, la rendant lente et molle.