Même si l'Espagne a accepté, lundi, d'accueillir le navire transportant les 629 migrants secourus au large de la Libye, rejeté par Malte et l'Italie, l'ONG française qui affrète le bateau estime que le voyage serait trop long et dangereux.
L'Espagne a proposé lundi 11 juin d'accueillir le navire transportant les 629 migrants secourus au large de la Libye - enjeu d'un bras de fer entre Malte et l'Italie -, mais l'ONG française affrétant le bateau a répliqué que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies pour ce nouveau voyage.
"Atteindre l'Espagne prendrait plusieurs jours. Avec 629 personnes à bord et une météo qui se détériore, la situation risquerait de devenir critique", a objecté via Twitter l'ONG SOS Méditerranée.
????[2/2] UPDATE La priorité doit demeurer la sécurité de tous les rescapés. Il revient aux autorités maritimes italiennes de trouver une solution sûre et rapide pour les 629 personnes à bord de l’#Aquarius.
SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) 11 juin 2018Si elle a qualifié de "signal positif" la proposition des coordinateurs de secours espagnols d'accueillir son navire Aquarius dans le port de Valence, elle relancé la balle dans le camp italien : "La priorité doit demeurer la sécurité de tous les rescapés. Il revient aux autorités maritimes italiennes de trouver une solution sûre et rapide".
L'Aquarius, navire affrété par l'ONG SOS Méditerranée et immatriculé à Gibraltar, croisait à quelques dizaines de miles marins au large de Malte lundi soir, avec à son bord 629 migrants dont 123 mineurs non accompagnés, onze autres enfants et sept femmes enceintes.
Des vivres insuffisants
L'île de Malte et l'Italie ont toutes deux décidé de fermer leurs ports à ce bateau. Il a été ravitaillé en nourriture et en eau par un bateau de la marine maltaise. De quoi offrir "un repas supplémentaire" mardi aux migrants, selon l'ONG, mais insuffisant pour faire route vers l'Espagne, distante de quelque 1 300 km – soit au moins quatre jours de voyage, selon des estimations de l'AFP.
L'Aquarius partira "dès que possible", a insisté le nouveau ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, également patron de la Ligue (extrême droite). Plus tôt dans la journée, il s'était félicité d'avoir eu gain de cause dans sa lutte pour réduire les arrivées de migrants sur ses côtes. "VICTOIRE", avait-t-il lancé sur Twitter.
"Pas beaucoup de solidarité des autres pays européens"
Le discours de fermeté de Matteo Salvini devrait toutefois être battu en brèche par l'arrivée en Sicile, mardi ou mercredi, du navire "Diciotto" appartenant aux gardes-côtes italiens et transportant 937 migrants.
L'Italie, qui a vu quelque 700 000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens d'avoir détourné les yeux et de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.
À Madrid, Josep Borrell, ministre des Affaires étrangères du tout nouveau gouvernement socialiste Pedro Sanchez, a insisté sur "la nécessité pour les Européens (...) de faire face de manière solidaire et coordonné à un problème qui est celui de tous, et non pas pendant un an celui de la Grèce, l'année suivante celui de l'Italie". "L'Italie a reçu un flux énorme de migrants et il n'y a pas eu jusqu'à présent beaucoup de solidarité de la part des autres pays européens", a-t-il ajouté.
Avec AFP