
Les acteurs de la crise libyenne se réunissent à Paris pour une conférence internationale placée sous les auspices de l'ONU. Objectif : garantir la tenue d'élections d'ici la fin de l'année dans un pays toujours en proie au chaos.
Les acteurs de la crise en Libye se réunissent, mardi 29 mai, à Paris pour une conférence internationale qui doit notamment permettre de sécuriser la tenue d'élections d'ici la fin de l'année et de stabiliser un pays toujours en proie au chaos, sept ans après la chute de Mouammar Kadhafi.
Le Premier ministre Fayez al-Sarraj, l'homme fort de l'est du pays le maréchal Khalifa Haftar, le président de la Chambre des représentants Aguila Salah Issa, et le président du Conseil d'État Khaled al-Mishri sont attendus dans la matinée à l'Élysée pour ce rendez-vous organisé sous les auspices de l'ONU.

Au total, 20 pays*, dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, et quatre organisations internationales (Union européenne, ONU, Union africaine et Ligue arabe) seront représentés dans la capitale française.
L'objectif, souligne-t-on à l'Élysée, est "d'avoir une feuille de route commune sur laquelle s'engagent pour la première fois les plus hautes autorités des institutions libyennes" en présence de la communauté internationale et sous l'égide de l'ONU.
"Simplification des institutions libyennes"
Point central de cette nouvelle feuille de route en 13 points, selon la version vue par Reuters, la tenue d'élections présidentielle et législatives d'ici à la fin de l'année - conformément au plan de sortie de crise de l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé - et l'engagement des différentes parties à assurer la sécurisation du scrutin.
Le texte prévoit aussi une "simplification des institutions libyennes" avec une seule banque centrale et un seul Parlement, un travail d'unification des forces armées dans le pays et un point d'étape sous la forme d'une conférence dans trois mois. La menace de sanctions internationales en cas d'obstruction au processus électoral est également brandie.
"La situation est mûre", estime-t-on à l'Élysée. "On a vu converger ces dernières semaines et ces derniers jours à la fois un rapprochement entre les acteurs libyens eux-mêmes mais également entre les membres de la communauté internationale".
Les représentants des quatre principales institutions du pays ont donné leur accord de principe pour s'engager sur un texte commun, ajoute-t-on. "Tous conviennent que le statu quo n'est pas tenable. Si on y arrive, ce sera une étape décisive et une vraie réussite pour les Libyens".
L'adoption d'une nouvelle Constitution loin d’être acquise
Jugée cruciale, la sortie de la transition politique via la tenue d'élections et l'adoption d'une nouvelle Constitution est toutefois loin d'être gagnée. Plusieurs initiatives lancées en ce sens ces dernières années se sont heurtées aux profondes rivalités politiques qui traversent le pays.
La Libye reste en effet divisée entre le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale, basé à Tripoli et installé après les accords de paix de Skhirat de 2015, et un gouvernement parallèle dans l'est du pays soutenu par le maréchal Haftar.
En juillet 2017, les deux frères ennemis libyens avaient ravivé les espoirs d'une sortie de crise en convenant, lors d'une réunion organisée à la Celle-Saint-Cloud par Emmanuel Macron, d'un cessez-le-feu et de la tenue d'élections au printemps 2018. Mais à peine le sommet achevé, le maréchal Haftar et le Premier ministre avaient de nouveau laissé éclater leurs divergences par médias interposés.
Sur le terrain, la situation sécuritaire reste précaire : les violences - encore récemment à Derna - et les trafics d'êtres humains, de drogue et d'armes se poursuivent.
Avec Reuters
* Les 20 pays participants sont : les cinq membres permanents de l’ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), Italie, Allemagne, Pays-Bas, Égypte, Tchad, Niger, Tunisie, Algérie, Maroc, Émirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite, Koweït, Turquie et Malte.