Emmanuel Macron a tendu la main vendredi à la Russie pour l'"ancrer dans l'Europe" malgré les tensions actuelles, et tourner le dos à 25 ans d'"incompréhensions".
"Je crois très profondément que la Russie a son histoire et son destin dans l'Europe". Au second jour de sa première visite officielle en Russie vendredi 25 mai, Emmanuel Macron a tendu la main à la Russie pour l'"ancrer dans l'Europe" malgré les tensions actuelles, et tourner le dos à 25 ans d'"incompréhensions".
Le président français s'exprimait au côté de son homologue Vladimir Poutine à la tribune du Forum économique de Saint-Petersbourg, dont la France était l'invitée d'honneur avec le Japon.
Pour Emmanuel Macron, "une fenêtre d'opportunité" s'ouvre pour qu'une "nouvelle dynamique" s'installe entre Moscou, où Vladimir Poutine vient d'entamer un quatrième mandat, et l'Europe, bousculée par la décision du président américain Donald Trump de sortir de l'accord sur le nucléaire iranien.
Plus réservé que son hôte, le président russe s'est félicité de l'ambiance "très ouverte" de la rencontre avec Emmanuel Macron, avec lequel il s'était entretenu pendant trois heures jeudi sous les ors du Palais Constantin, en périphérie de l'ancienne capitale impériale russe.
Ces discussions ont permis d'"avancer", selon l'Élysée, sur les dossiers extrêmement complexes du nucléaire iranien et de la Syrie, sur lesquels Moscou et Paris voient un intérêt à coopérer plus étroitement.
"La France est notre partenaire ancien, traditionnel et fiable (...). Elle a toujours aspiré à défendre sa souveraineté, ce qui est un gage de stabilité dans la relation", a souligné Vladimir Poutine. Mais il n'a pas exprimé publiquement la volonté de renforcer les relations avec les pays de l'Union européenne, alors que s'appliquent toujours les sanctions prises en 2014 lors des crises de l'Ukraine et de la Crimée.
Parmi les sujets de discorde, la crise ukrainienne et le conflit syrien, et également l'empoisonnement en mars d'un ex-espion russe en Angleterre.
La Russie a aussi été ouvertement accusée vendredi par les Pays-Bas et l'Australie de la mort de leurs citoyens dans le vol MH17 abattu par un missile au-dessus de l'Ukraine en 2014, au lendemain de l'énoncé des conclusions d'une enquête internationale selon laquelle la batterie anti-aérienne impliquée provenait d'une unité de l'armée russe. "Bien sûr que non", a déclaré Vladimir Poutine vendredi, interrogé sur l'origine russe du missile.
"Rétablir la confiance" entre Moscou et l'Europe de l'ouest
Pour sa part, Emmanuel Macron a loué un "dialogue extrêmement direct et franc" avec Vladimir Poutine. Mais il n'a pas caché que la tâche s'annonce ardue pour "rétablir la confiance" entre Moscou et l'Europe de l'Ouest après "25 ans d'incompréhension".
Malgré les tensions des dernières années, la France est restée économiquement très présente en Russie, avec quelque 500 entreprises employant près de 170.000 salariés. Parmi la cinquantaine d'accords de coopération et de contrats signés au cours de la visite, le plus important prévoit l'entrée du groupe français Total dans un nouveau projet géant de gaz naturel liquéfié dans l'Arctique russe de Novatek pour 2,5 milliards de dollars.
Pour Emmanuel Macron, il faut désormais "ouvrir de manière plus volontariste de nouvelles voies" pour renforcer la présence française, notamment des startups et des PME, dans "l'agroalimentaire, le spatial, les villes durables, les services énergétiques et le numérique".
Emmanuel Macron a rencontré jeudi Alexandre Tcherkassov, directeur de Mémorial, la principale organisation russe de défense des droits de l'homme, ainsi que d'autres militants russes, selon l'Elysée. "Un important geste de soutien", s'est félicitée Tania Lokchina, de l'antenne russe de Human Rights Watch.
Avec Alexandre Tcherkassov directeur de l'ONG Mémorial pour évoquer la question des droits de l'Homme. pic.twitter.com/PJEswcsmxM
Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 24 mai 2018Avec AFP