Nucléaire iranien, Corée du Nord et même Syrie : Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont affiché lors de leur conférence de presse, jeudi soir à Saint-Pétersbourg, leur entente sur les dossiers qui les rapprochent.
Un an après leur premier tête-à-tête au château de Versailles, Emmanuel Macron a été accueilli, jeudi 24 mai, avec son épouse Brigitte, par Vladimir Poutine au Palais Constantin, à une vingtaine de kilomètres de l'ancienne capitale impériale russe, au premier jour de sa visite de deux jours en Russie.
Malgré les "incompréhensions" accumulées, Emmanuel Macron a assuré à Vladimir Poutine, lors d'un entretien de plus de trois heures, vouloir "avancer" avec lui aussi bien sur le nucléaire iranien, la Syrie et l'Ukraine, tout en appelant le président russe à la "responsabilité" liée à son "rôle renforcé" sur la scène internationale.
Lors de leur conférence de presse commune, Emmanuel Macron a loué un "dialogue extrêmement direct et franc". "Je suis très lucide sur les incompréhensions qui ont pu exister et s'installer entre nous, une part, même l'essentiel ne nous est pas imputable mais elles sont là", a déclaré le président français. "J'attends de la Russie qu'elle respecte notre souveraineté et celle de nos partenaires européens", a-t-il lancé, sans préciser à quoi il faisait référence.
"La France est notre partenaire traditionnel, nous tenons à nos relations et maintenons un dialogue politique très intense", a relevé de son côté Vladimir Poutine, estimant que les pourparlers s'étaient déroulés "dans une ambiance très ouverte et ont été très utiles".
Poutine fait un pas vers la proposition française sur l'Iran
Dans un contexte difficile, les deux dirigeants ont insisté sur les points qui les rapprochent face aux États-Unis et ont notamment affirmé leur détermination à préserver l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015.
Ils ont cherché à rapprocher leurs positions sur ce dossier : la France en étant d'accord pour le "compléter" sans envisager un nouvel accord et Vladimir Poutine en réaffirmant sa détermination à s'en tenir à l'accord tout en se disant prêt à discuter indépendamment des trois questions soulevées par la France, à savoir la non-prolifération après 2025, les armes balistiques iraniennes et l'activité de Téhéran au Moyen-Orient.
Sur la Syrie, où le soutien russe a permis au régime de Bachar al-Assad de reprendre la main, la volonté est de débloquer les négociations en rapprochant, par la mise en place d'un mécanisme de coordination, les deux formats concurrents : celui d'Astana, mené par la Russie avec l'Iran et la Turquie et celui dit du "small group" qui comprend des pays occidentaux comme les États-Unis, la France ou le Royaume Uni, et l'Arabie saoudite.
Les deux dirigeants ont également affiché leur unité sur la nécessité de poursuivre les efforts sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, après l'annulation jeudi par Washington d'une rencontre très attendue entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
"Un dialogue, c'est toujours mieux qu'une confrontation"
Plus généralement, Emmanuel Macron a dit "respecter le rôle renforcé que la Russie se donne dans son environnement régional et dans le monde au particulier au Moyen-Orient", mais ajouté. "Avec ce rôle retrouvé vient aussi davantage de responsabilité".
Citant les cyberattaques dont les Occidentaux accusent souvent Moscou, les deux présidents ont dit vouloir établir des "règles communes" et "échanger des informations".
Sur l'Ukraine, les deux dirigeants ont également appelé à la poursuite des efforts politiques en vue d'un "règlement pacifique" alors que les combats opposant depuis quatre ans gouvernement pro-occidental et rebelles prorusses ont fait 10 000 morts depuis 2014 .
"Un dialogue, c'est toujours mieux qu'une confrontation", a souligné Vladimir Poutine, alors que les Occidentaux accusent Moscou d'intervenir militairement dans ce conflit en soutien aux rebelles prorusses, ce que la Russie dément.
Emmanuel Macron, qui doit rencontrer vendredi des représentants de la société civile russe, a par ailleurs assuré avoir évoqué avec son homologue les cas du réalisateur russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence, et du réalisateur ukrainien emprisonné Oleg Sentsov.
Prévue sur deux jours, la première visite d'Emmanuel Macron en Russie intervient à l'occasion du Forum international économique de Saint-Pétersbourg, principal rendez-vous des milieux d'affaires russes où il doit intervenir vendredi avec le président russe et le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Avec AFP et Reuters