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Réélu dimanche à la tête du Venezuela, Nicolás Maduro était pourtant donné perdu il y a un an. Portrait d'un survivant de la crise vénézuélienne.

Il y a un an, personne n'imaginait qu'il allait se représenter. Pourtant, le président sortant du Venezuela Nicolás Maduro a été réélu dimanche 20 mai pour un second mandat jusqu'en 2025 .

Cet ancien chauffeur de bus de 55   ans s'est imposé avec 67,7   % des voix lors d'un scrutin marqué par une très forte abstention et sans adversaire de poids. Il avait lui-même choisi d'avancer la date de l'élection, de décembre à mai. "On a encore gagné   ! (...) Nous sommes la force de l'histoire transformée en une victoire populaire permanente", a lancé dimanche devant ses partisans le chef de l'État, qui racontait peu avant que toute sa famille l'appelait "Nico".

Pourtant, au départ, il a dû lutter pour se faire respecter comme légitime successeur d'Hugo Chavez (président de 1999 à son décès en 2013), qui l'avait adoubé personnellement en lui confiant les rênes de "la révolution bolivarienne". Sous son mandat, le chemin n'a toutefois pas été rose   : crise économique, manifestations, sanctions internationales... pour garder la main, il a fini par attribuer un pouvoir absolu à l'Assemblée constituante, uniquement composée de chavistes. C'était en août 2017.

Malgré son taux d'impopularité (75   % selon Datanalisis), il était le favori des sondages face à Henri Falcon, dissident chaviste qui devait lutter à la fois contre la mainmise institutionnelle du président et les appels à l'abstention des principaux partis d'opposition.

Élu de justesse en 2013 face à Henrique Capriles (depuis déclaré inéligible), Nicolás Maduro est accusé par ses détracteurs de mener une gestion économique erratique et d'être un "dictateur" accaparant tous les pouvoirs, surtout l'armée. Seul bastion conquis par l'opposition, le Parlement s'est vu confisquer ses prérogatives par la Constituante.

Du chavisme au "madurisme"   ?

Hugo Chavez, qu'il a connu en 1993, le considérait comme "un révolutionnaire pur et dur". Mais certains sont sceptiques   : "Il est peut-être maduriste, mais pas chaviste", commente à l'AFP Ana Elisa Osorio, ancienne ministre d'Hugo Chavez.

Face aux critiques, il répond qu'il est un "président démocratique" et assure que c'est une "guerre économique de la droite", avec l'aide des États-Unis, qui a causé l'hyperinflation et les pénuries d'aliments et de médicaments.

"Maduro a su profiter des erreurs des uns et des autres, en parvenant aussi à neutraliser ses adversaires au sein du chavisme", souligne Andrés Cañizalez, chercheur en communication politique. "Il a effectué une métamorphose et ces élections sont l'apogée de ce processus   : nous pourrions être en train de passer du chavisme au 'madurisme'", estime encore Andrés Cañizalez.

Dépourvu du charisme de Chavez, Maduro a tenté de l'imiter avec de longues apparitions quotidiennes à la télévision, un phrasé populaire et une rhétorique anti-impérialiste. Peu à peu, il est parvenu à construire sa propre image. Oublié le temps où il s'affichait comme modéré et fin négociateur comme ministre des Affaires étrangères et vice-président   : place aux discours enflammés contre l'opposition et aux dénonciations de complots en tous genres.

Signe de son changement d'image, son slogan de campagne est cette année "Tous avec Maduro, loyauté et avenir". En 2013, c'était "Chavez pour toujours, Maduro président".

Avec AFP