
Au Venezuela, les électeurs se sont rendus aux urnes, dimanche, pour désigner le prochain président. L'actuel chef de l'État, Nicolas Maduro, est favori d'un scrutin boycotté par l'opposition et dénoncé par la communauté internationale.
Les Vénézuéliens, épuisés par une profonde crise économique, ont voté, dimanche 20 mai, lors d’une élection présidentielle boycottée par l'opposition et non reconnue par une grande partie de la communauté internationale. L’actuel président Nicolas Maduro, sans rival de poids, vise la réélection pour un nouveau mandat de six ans, à commencer en janvier 2019.
Quelque 14 638 bureaux de vote ont ouvert pour accueillir 20,5 millions d'électeurs inscrits pour cette élection anticipée à un seul tour mais les Vénézuéliens ne semblaient pas se bousculer aux urnes.
Plusieurs bureaux de votes à travers le pays demeuraient ouverts après l'heure officielle de fin du scrutin prévu à 18 h locales (22 h GMT), selon les médias d'État. Sur les images de la chaîne VTV, on pouvait voir des électeurs qui faisaient la queue dans plusieurs villes. Le président socialiste avait prévenu durant la journée que les bureaux de vote resteraient ouverts pour épuiser d'éventuelles files d'attente. Le Conseil national électoral (CNE), l'autorité électorale vénézuélienne, prolonge généralement les horaires d'ouverture des lieux de scrutin, afin, explique-t-il, de "garantir le droit de vote".

Maduro favori
Nicolas Maduro est le grand favori, bien que 75 % des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, d'eau, d'électricité et de transports, conjuguées à la hausse de l'insécurité et du coût de la vie. Le tout avec un salaire minimum qui ne permet d'acheter qu'un demi-kilo de viande. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.
Pouvoirs électoral et militaire en main, opposition divisée : la route semble dégagée pour le dirigeant socialiste qui se dit héritier du chavisme, la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013.
Face à lui, le chaviste dissident Henri Falcon, 56 ans, s'est présenté malgré le boycott de la coalition d'opposition, la Plateforme de l'unité démocratique (MUD). "Il n'y a aucun avantage qui tienne quand un peuple est déterminé à changer", a-t-il écrit sur Twitter. Henri Falcon et l'autre candidat de l'opposition, le pasteur évangélique Javier Bertucci, se disputent le vote sanction d'une population abattue, renforçant les chances de victoire de l’actuel président.

En cinq ans le PIB a fondu de 45 %
L'opposition accuse le chef de l'État de "clientélisme" et de contrôle social en promettant des primes au vote aux détenteurs du "carnet de la patrie", carte qui permet de bénéficier des programmes sociaux. Samedi, la présidente du Conseil national électoral (CNE), Tibisay Lucena, a toutefois écarté la possibilité que des électeurs aient pu être payés pendant les élections.
Outre l'opposition, les États-Unis, l'Union européenne et le groupe de Lima, une alliance de 14 pays d'Amérique et des Caraïbes qui dénonce la radicalisation du gouvernement de Caracas, rejettent ce scrutin jugé ni démocratique, ni libre, ni transparent.

Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96 % de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans le PIB a fondu de 45 % selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15 % en 2018 et une inflation de 13 800 %.
Avec AFP