L'Iran entame samedi à Pékin une vaste offensive diplomatique, qui conduira ensuite son ministre des Affaires étrangères à Moscou puis à Bruxelles. Objectif : tenter de sauver l'accord nucléaire abandonné par les États-Unis.
Opération de la dernière chance pour Téhéran, déterminé à ne pas laisser mourir l'accord sur le nucléaire iranien. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammed Javad Zarif va multiplier les déplacements : Pékin samedi 12 mai, puis Moscou et Bruxelles mardi, où il s'entretiendra avec la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et ses homologues allemand, français et britannique.
Malgré le retrait des États-Unis, les autres signataires (France, Russie, Chine, Royaume-Uni, Allemagne) continuent de soutenir l'accord conclu en 2015, qui vise à faciliter les échanges commerciaux avec l'Iran et à relancer son économie. Il prévoit notamment de lever de lourdes sanctions internationales en échange d'un engagement de Téhéran à limiter ses activités nucléaires et à ne jamais chercher à obtenir la bombe atomique.
Démission du chef des inspecteurs de l'AIEA
Son application est vérifiée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont le chef des inspecteurs a démissionné vendredi. Un porte-parole de l'agence onusienne basée à Vienne n'a pas donné de raison au départ de Tero Varjoranta, intervenu après que la Maison Blanche a affirmé que les inspections de sites nucléaires iraniens devaient se poursuivre en dépit du retrait des États-Unis.
En Iran, les ultraconservateurs se sont mobilisés contre toute concession aux Européens, et des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran contre l'accord nucléaire en brûlant des drapeaux américains et en lançant des slogans anti-israéliens.
Position délicate
L'Iran, disent les experts, se trouve dans une position délicate : dans une poussée de fièvre inédite, Israël a mené jeudi des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles "iraniennes" en Syrie, en disant riposter à des tirs de roquettes "iraniennes" en provenance du territoire syrien contre la partie du plateau du Golan occupée par l'État hébreu. Téhéran veut montrer sa fermeté face aux États-Unis et à Israël, mais en même temps, il a besoin du soutien des Européens pour préserver l'accord et les maigres gains économiques.
"L'administration Rohani aurait intérêt à sauver ce qui peut encore l'être de cet accord, en discutant avec l'Europe, les Russes et les Chinois, et donc à essayer plus ou moins de maîtriser l'escalade en Syrie, et de ne pas aller trop loin dans les ripostes", explique à l'AFP Karim Emile Bitar, directeur de recherches à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).
De son côté, le président russe Vladimir Poutine, qui défend l'accord, a multiplié les contacts, s'entretenant notamment avec la chancelière allemande, Angela Merkel, après le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Avec AFP