À peine intronisé Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, 92 ans, a obtenu du roi la grâce immédiate de Datuk Sri Anwar, ex-ennemi juré devenu son partenaire politique dans une coalition d'opposition qui a remporté les législatives du 9 mai.
Le roi de Malaisie "a indiqué qu'il était disposé à gracier immédiatement Datuk Sri Anwar", opposant qui purge une peine pour sodomie. L'annonce est faite en conférence de presse par le nouveau Premier ministre, Mahathir Mohamad, intronisé la veille. Cette décision intervient deux jours après la victoire historique aux élections législatives de la coalition d'opposition dirigée par Mahathir, âgé de 92 ans.
"Nous allons lancer la procédure appropriée afin d'obtenir une grâce pour Datuk Sri Anwar. Cela signifie une grâce totale. Il devrait être libéré immédiatement une fois gracié", a ajouté le Premier ministre.
Mahathir s'était engagé, en cas de victoire aux législatives lui permettant de devenir Premier ministre, de céder la place à Anwar, son ex-ennemi juré, une fois que ce dernier, âgé de 70 ans, serait sorti de prison.
Les deux hommes s'étaient réconciliés avant les élections en vue de déloger l'ex-Premier ministre Najib Razak, empêtré dans un énorme scandale financier qui secoue la Malaisie depuis 2015.
La coalition d'opposition dirigée par Mahathir et soutenue par Anwar a remporté mercredi une nette victoire au scrutin face au Barisan Nasional (Front national, BN), coalition qui dirigeait l'ex-colonie britannique depuis son indépendance en 1957.
Campagne anti-corruption
Anwar avait été le bras droit de Mahathir du temps où il fut Premier ministre une première fois (1981-2003), puis limogé en 1998 de son poste de vice-Premier ministre pour avoir osé dénoncer la politique économique protectionniste du gouvernement en pleine crise asiatique.
Condamné en 1999 à six ans de prison pour corruption et sodomie, Anwar avait vigoureusement contesté ces charges. L'affaire avait provoqué les plus importantes manifestations antigouvernementales dans le pays. Par la suite, Anwar avait été blanchi de l'accusation de sodomie.
Après sa libération, il est devenu un dirigeant charismatique de l'opposition qui a enregistré sous sa houlette des gains sans précédent aux élections, en promettant de mettre fin à la corruption et aux atteintes aux libertés dans le pays. Mais en 2015, Anwar a de nouveau été condamné, cette fois sous Najib, à cinq de prison pour sodomie, en vertu d'un jugement tout aussi controversé que le précédent.
Il avait alors dénoncé une "conspiration politique" fomentée selon lui par le régime du Premier ministre de l'époque, Najib Razak, arrivé au pouvoir en 2009, pour l'écarter de la vie politique.
Peu après le deuxième mandat de Najib en 2013, un important déficit est apparu dans les comptes du fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), crée par ce dernier.
Le scandale autour de ce fonds endetté aujourd'hui à hauteur de 10 milliards d'euros a éclaté au grand jour en 2015. Il fait désormais l'objet d'enquêtes dans plusieurs pays, notamment à Singapour, en Suisse et aux Etats-Unis, et a contribué et de à la lourde défaite de Najib aux législatives.
Interrogé sur le scandale de 1MDB, Mahathir a promis de relancer les investigations, critiquant le ministre de la Justice sortant, Mohamad Ali Apandi, qui avait blanchi Najib.
"Il dispose en fait de preuves cachées d'actes répréhensibles et ceci est mal fondé en droit. Notre intention est de poursuivre les gens qui ont montré une tendance à être corrompu ou ont commis des délits de corruption connus", a prévenu Mahathir.
Avec AFP