Uber multiplie les partenariats et les initiatives pour mettre au point son service de taxis volants, Uber Air, avant 2023. Lors d'un sommet organisé à Los Angeles, l'entreprise a donné les premières infos concrètes sur ses projets.
Uber est très, très loin dans le turfu. Malgré des pertes s’étant élevées à 4,5 milliards de dollars en 2017 et les frasques ayant conduit à la démission de son PDG, l’entreprise a mis sur pied un plan et des partenariats solides pour créer les premiers taxis volants.
L'entreprise a organisé un sommet, Uber Elevate, qui s'est tenu à Los Angeles les 8 et 9 mai, pour partager les premières informations concrètes sur ses objectifs en matière de véhicules volants électriques. La technologie pour ce type de voyage n’est pas encore totalement au point, les infrastructures pour l’accueil de ces taxis hybrides et la législation le sont encore moins, mais Uber rêve de mettre ses premiers véhicules sur le marché avant 2023. Envisageable ou totalement irréaliste ?
Paré au décollage vertical et silencieux
Nommé UberAir, le futur service bénéficie du soutien de deux partenaires de taille : l’armée américaine et la NASA.
L’U.S. Army va en effet mobiliser une équipe de chercheurs au sein de l’United States Army Research, Development and Engineering Command (RDECOM) pour travailler sur les technologies nécessaires à la mise au point des véhicules. Il s’agira d’aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL), un type d’avion hybride qui peut s’affranchir des longues pistes de décollage pour une meilleure insertion dans le milieu urbain.
Le rôle de l’U.S. Army sera principalement de développer des rotors latéraux silencieux, capables d’être en mouvement dans les villes sans perturber la vie des citadins. Dans un communiqué, l’armée américaine parle d’un "concept créé pour avoir deux systèmes de rotors placés l’un sur l’autre et tournant dans la même direction" pour permettre à l’engin de s’envoler. Le partenariat s’élève à un million de dollars pour le moment, divisé à 50/50 entre les deux parties.
Du côté de la NASA, il s’agit plus d’un accord de principe concernant le partage d’informations. Uber s’est en effet engagé à fournir à l’agence spatiale américaine les plans de son futur réseau d’aviation urbaine. La NASA veut ces infos pour modéliser et simuler la présence des taxis/aéronefs dans des environnements très peuplés. Et ainsi mettre en place une régulation adéquate.
Des deals avec de grandes entreprises aéronautiques
UberAir souhaite que ses futurs engins volent à environ 600 mètres au-dessus du sol et puissent atteindre les 240 kilomètres à l’heure pour des trajets courts d’un maximum de cent kilomètres. Les engins pourraient atteindre les 320 kilomètres à l'heure sur des distances plus longues. Et pour ça, l’entreprise a besoin de véhicules solides.
Uber envisage plus de 1 000 décollages par heure dans certains "vertiports" des plus grandes villes
Uber a mis au point un concept prototypaire de son avion idéal. Il est équipé de quatre retors tournés vers le sol pour donner de l’élan à l’engin et lui permettre d’atterrir en douceur, et d’un cinquième installé sur la queue de l’avion pour le pousser vers l’avant. Uber envisage plus de 1 000 décollages par heure dans certains "vertiports" des plus grandes villes, qui seront situés sur les toits de immeubles ou des parkings.
Mais l’entreprise, fidèle à son rôle de fournisseur de service, n’entend pas construire ou même entretenir ces engins elle-même. Uber s’est associé à cinq groupes aéronautiques, comme le fabricant américain de drones Aurora Flight Sciences, racheté par Boeing en 2017, ou le géant brésilien de l’aviation, Embraer. Une entreprise employant 19 000 personnes, réalisant un profit d’environ 6 milliards de dollars par an et produisant des avions commerciaux ou militaires. Pas n'importe quoi.
Trois constructeurs de taille plus modeste suivent également Uber dans son entreprise aéronautique. Il s’agit de Bell, Pipistrell Aircraft et Karem, trois start-up spécialisées dans la construction de véhicules volants électriques et misant sur les systèmes de décollage vertical et l'aviation de proximité. Pipistrell Aircraft, une start-up slovène, s’est même renommé Pipistrel Vertical Solutions à l'occasion du sommet Uber Elevate.
Un projet sérieux mais...
Uber semble déterminé à investir le ciel et, grâce à son partenariat avec l'U.S. Army et la NASA, prouve sa capacité à ancrer son projet, doucement mais sûrement, dans une dynamique institutionnelle et politique. Lors de son sommet de Los Angeles, l'entreprise a également annoncé la conception de nouvelles batteries lithium-ion ou le développement d'un système algorithmique pour coordoner les trajets des taxis volants au-dessus des villes.
Uber multiplie ainsi les initiatives, essayant de convaincre et de prouver le sérieux de sa démarche. Mais l'entreprise fondée par le turbulent Travis Kalanick parviendra-t-elle à tenir ses délais ? Rien n'est moins sûr. Les premiers essais sont prévus pour 2020 à Dubaï, Los Angeles et Dallas. Sauf qu'aucune législation, aucun feu vert des autorités n'ont encore été accordés.
Comme le souligne Le Monde, les problématiques technologiques sont un autre freint au développement d'UberAir. Il faudrait que les avions soient capables de se recharger en cinq minutes, entre deux clients, pour arriver à tenir le rythme de trajets longs. La technologie n'est pas là. Par ailleurs, on peut s'interroger sur la rémunération des pilotes : fonctionnera-t-elle sur le même modèle que celle des VTC classiques ? Y a-t-il assez de pilotes d'hélicoptères ou d'avions souhaitant collaborer avec la société ? Uber prévoit-il de former des pilotes ? On sait que l'entreprise souhaite, à terme, rendre ses engins autonomes. Mais après le scandale causé par la mort d'une femme percutée par une voiture autonome Uber, on se dit que ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire dans l'immédiat.
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