
Emprisonné à vie en Israël, Marwan Barghouti a été élu au comité central du Fatah, selon des résultats préliminaires des élections organisées à l'occasion du VIe Congrès du parti. Seuls 3 membres de la vieille garde ont été réélus.
Marwan Barghouti, qui purge une peine de prison à vie en Israël, a été élu ce mardi au comité central du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, selon les résultats publiés mardi. Près de 2 000 délégués ont participé dimanche et lundi à ces élections lors du VIe congrès du Fatah, le premier depuis vingt ans.
L’ancien chef du Fatah pour la Cisjordanie, âgé de 51 ans, s’est fait connaître au cours de la seconde Intifada en 2000, lorsqu’il a mené la faction armée du parti contre les forces israéliennes. Figure populaire parmi la population palestinienne, il avait été pressenti pour assurer la succession du leader historique Yasser Arafat. Mais son ascension politique a été stoppée lorsqu’il s’est fait arrêté à Ramallah en 2002. Un tribunal israélien l’a condamné à cinq peines de prison à vie pour avoir organisé le meurtre de cinq Israéliens - des charges qu’il réfute.
Corruption et clientélisme
Après sept jours d’intrigues et de querelles internes, 15 des 18 sièges du comité central soumis à l’élection sont revenus à des nouveaux élus. Des dix candidats de la vieille garde qui se présentaient, moins de la moitié ont été réélus. L’élection de ces nouveaux venus marque le désir affiché par le Fatah de se défaire de sa réputation de parti corrompu, adepte du clientélisme.
"Ce que veut cette jeune garde, c’est simplement plus de transparence, plus de responsabilité et moins de corruption. Tout ce qui caractérisait l’ancien Fatah pour les Palestiniens", explique Iris Makler, correspondante GRN pour FRANCE 24 à Jérusalem.
Parmi la nouvelle génération qui accède au comité central, on notera l'arrivée de Mohammed Dahlan, 48 ans, ancien homme fort du Fatah à Gaza où il était chef de la Sécurité préventive.
Le Fatah a longtemps été le seul acteur sur la scène politique palestinienne. Mais les accusations de corruption au cours des quarante années au pouvoir de Yasser Arafat ainsi que l'incapacité du leader palestinien à mener à terme des négociations de paix ont eu raison de la réputation du mouvement.
Un pouvoir limité à la Cisjordanie
Le parti a été battu par le mouvement islamiste Hamas lors des élections législatives de 2006. S’en est suivi une période d’agitations au cours de laquelle le Hamas est parvenu à déloger le Fatah de la bande de Gaza, le pouvoir du principal parti laïc palestinien se limitant désormais à la Cisjordanie.
Les délégués du Fatah ont aussi réélu le président Mamhoud Abbas à la tête du Fatah. Celui-ci avait demandé au début du congrès que son parti montre la voie à suivre aux électeurs déçus.