
Inquiets de la mise à disposition de bases colombiennes en faveur de l'armée américaine, plusieurs dirigeants de pays d'Amérique du Sud ont convoqué un sommet extraordinaire qui devrait se tenir ce mois-ci en Argentine.
AFP - Les pays modérés d'Amérique du Sud, Brésil et Argentine en tête, ont obtenu lundi la convocation d'un sommet régional extraordinaire pour discuter du projet colombien de mettre sept bases à disposition de l'armée américaine, qui suscite de fortes réticences.
La réunion aura probablement lieu ce mois-ci en Argentine, selon le projet d'accord établi par les dirigeants sud-américains au cours d'un sommet de l'Union sud-américaine des nations à Quito.
Une invitation sera envoyée au président colombien Alvaro Uribe, absent ce lundi en raison de tensions persistantes avec son voisin équatorien depuis plus d'un an.
Bogota a suscité des inquiétudes dans la région, marquée par une longue histoire d'invasions américaines, en annonçant le 15 juillet un accord de principe pour mettre à disposition des Etats-Unis sept de ses bases dans le cadre d'opérations contre le trafic de drogue et les guérillas.
Les critiques les plus virulentes sont venues des voisins de la Colombie, l'Equateur et le Venezuela, fers de lance de la gauche radicale locale, pour qui cet accord fait peser une menace sur la stabilité régionale.
"Des vents de guerre commencent à souffler", a encore lancé lundi le président vénézuélien Hugo Chavez au sommet de l'Unasur, après avoir dénoncé la veille une incursion de militaires colombiens dans son pays.
"Cette information n'est pas confirmée", a rétorqué lundi le ministère colombien des Affaires étrangères.
Plus modérés, le Chili, l'Argentine et le Brésil, avaient également fait part de leur préoccupation au sujet du projet d'accord américano-colombien.
"Je pense que tout cela va se régler avec beaucoup de discussions, de débats, en se disant des vérités. Les gens vont devoir écouter des choses qui ne leur plaisent pas", a estimé lundi le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui avait demandé jeudi à Bogota des garanties sur le fait que les opérations américaines ne déborderaient pas hors du territoire colombien.
Sa proposition a déjà reçu le soutien de l'Equateur, de l'Argentine et du Paraguay.
Les membres de l'Unasur s'étaient initialement mis d'accord pour organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, mais devant les craintes exprimées par M. Chavez, ils sont convenus de convoquer un sommet réunissant les chefs d'Etat.
Vendredi soir, le président vénézuélien avait pourtant semblé jouer l'apaisement, en annonçant le retour à Bogota de son ambassadeur en Colombie, rappelé dix jours plus tôt pour consultations.
Mais quelques heures plus tard, il avait précisé qu'il maintenait le "gel" de ses relations avec son voisin, rendu public la semaine précédente.
Dans la foulée, la Colombie avait fait état samedi de la capture de 11 militaires équatoriens accusés d'avoir franchi la frontière entre les deux pays.
Elle les a remis le lendemain à l'Equateur, avec qui ses relations sont suspendues depuis le bombardement, le 1er mars 2008, par l'armée colombienne d'un camp de la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc, marxistes) installé en territoire équatorien.