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L’organisation des débats sur la loi asile immigration sous le feu des critiques des oppositions

Dans l'opposition, des voix s'élèvent pour dénoncer une organisation des débats à l'Assemblée nationale assez peu à la hauteur des enjeux du projet de loi asile et immigration porté par Gérard Collomb.

Si plusieurs articles du projet de loi asile et immigration suscitent les critiques des différents groupes d'opposition, l'organisation même des débats à l'Assemblée nationale est également dénoncée. Alors que la moitié seulement des amendements avait été examinée avant la sixième journée de discussions samedi 21 avril, l'organisation des débats est ainsi jugée "incompréhensible" par beaucoup.

Dès l'ouverture de la séance, Eric Ciotti (LR) a fait un rappel au règlement pour déplorer "le choix qu'a fait ce gouvernement d'organiser le débat" dans ces conditions depuis lundi, avec un vote à l'issue "en catimini", dans la nuit de samedi à dimanche, voire dimanche.

"Ne pas prévoir quinze jours de débats, avant le départ en vacances, c'est triste"

"Pour un texte pareil, ne pas prévoir quinze jours de débats, le faire juste avant le départ en vacances, ce n'est pas concevable et c'est triste", a abondé l'UDI-Agir-Indépendant Michel Zumkeller. Danièle Obono (LFI) a aussi estimé que les conditions ne permettaient pas "un débat décent", y voyant "un mépris" par rapport à "ce qui est en jeu" et aux parlementaires, déplorant également l'absence d'un vote solennel.

Laurence Dumont (PS) a aussi souligné qu'en dehors de LREM, tous les groupes avaient réclamé un tel vote solennel sur ce texte, promettant de "prendre le temps qu'il fallait [pour débattre de] cette régression dans les droits des demandeurs d'asile". Et Stéphane Peu (PCF) a jugé "incompréhensible" le choix sur le vote, notant "qu'aucune loi de cette importance" n'avait été adoptée dans de telles conditions.

Un député frondeur LREM annoncé à ce stade

À l'ouverture de la séance à 9 h 30, quelque 570 amendements restaient à examiner sur le millier au départ. Pour le vote final, à l'issue des débats, seront notamment scrutés les votes de la majorité, où certains élus ont exprimé leurs divergences de fond.

À ce stade, seul Jean-Michel Clément (LREM), ancien avocat spécialiste du droit des étrangers et ex-PS, a annoncé qu'il voterait contre, ce qui l'exposerait à une exclusion. Il devait rencontrer le chef de file des députés LREM Richard Ferrand dans la matinée, selon un autre "marcheur". "Tant que le vote n'a pas eu lieu, aucune sanction n'est prévue", a-t-on glissé du côté du groupe LREM. "Le syndrome post-traumatique des frondeurs… il faut passer à autre chose. Il faut faire confiance à Jean-Michel Clément", a jugé une autre "marcheuse" critique, Sonia Krimi, sur RTL. "Je n'espère pas que Jean-Michel Clément soit viré".

Sur le fond, le projet de loi suscite de vives critiques depuis des mois. Sur France 24 samedi, Yann Manzi, cofondateur de l'association Utopia56 a dénoncé une loi remettant en cause le droit d'asile en France : "tous les recours administratifs qui sont déjà compliqués vont devenir un labyrinthe pour toutes ces personnes arrivées sur notre territoire, et qui vont être laissées à l'abandon", a-t-il déploré. "À chaque quinquennat, les lois se durcissent", a-t-il, par ailleurs, relevé en dénonçant "un projet de loi horrible [dans son ensemble avec] quelques petits amendements qui mettent un peu d'humanité" comme la réunification pour les frères et les sœurs.

Avec AFP