
Une première famille de Rohingya, qui avait fui au Bangladesh pour échapper aux persécutions, est revenue en Birmanie, a annoncé le gouvernement samedi, sans préciser si ce retour doit être suivi sous peu par d'autres.
C'est un retour symbolique. Une première famille de musulmans rohingya, enfuie au Bangladesh à la suite de ce que l'ONU dénonce comme un nettoyage ethnique en 2017 en Birmanie, est rentrée, a annoncé samedi 14 avril le gouvernement birman.
"Les cinq membres de cette famille ont été renvoyés chez des proches à Maungdaw", épicentre des violences, selon un communiqué diffusé sur Facebook, avec des photos de la famille s'enregistrant auprès de responsables birmans. Le gouvernement "va vérifier avec eux quelles sont les difficultés rencontrées par les personnes ayant fui à cause des conflits" afin d'"améliorer le processus de rapatriement", assure le gouvernement.
Il ne précise pas cependant si ce premier retour doit être suivi sous peu par d'autres, alors que 700 000 Rohingya s'entassent dans des camps insalubres au Bangladesh et que des épidémies y sont redoutées à l'approche de la saison des pluies.
La question du retour des réfugiés est suivie de près par la communauté internationale, les ONG s'inquiétant de l'impréparation de la Birmanie, censée construire des camps d'accueil temporaires, les villages rohingya ayant été souvent brûlés dans les violences. S'ajoute à cela la forte haine anti-rohingya en Birmanie, attisée par le nationalisme bouddhiste.
Deux ans pour rapatrier
La Birmanie accusait jusqu'ici le Bangladesh d'être la cause du retard dans le rapatriement. Les deux pays se sont donné en janvier deux années pour régler la question du retour des Rohingya. Les inquiétudes portent notamment sur la situation actuelle en Birmanie, où des centaines de villages rohingya ont été rasés par des soldats et des manifestants bouddhistes. Et certains craignent que de nombreux réfugiés rohingya ne restent durablement dans des camps.
La Birmanie avait envoyé en février au Bangladesh une liste de plus de mille rebelles rohingya présumés, accompagnée de photos, ajoutant aux inquiétudes sur le sort réservé à ceux qui voudraient éventuellement revenir. Dans son communiqué samedi soir, le gouvernement birman s'en tient à la ligne habituelle, selon laquelle les réfugiés ont fui à cause des "violences terroristes", pas d'un nettoyage ethnique par l'armée.
Les violences de 2017 ont débuté après des attaques d'une rébellion rohingya, mais l'armée est accusée d'exactions de masse, meurtres, viols... La Cour pénale internationale a menacé d'ouvrir une enquête sur cette "expulsion" massive.
Avec AFP