On la surnomme "la route de la mort". Chaque année, des milliers de migrants en quête d'une vie meilleure traversent dix pays, du Brésil au Canada. Ils viennent de Cuba, du Venezuela, d'Haïti, mais aussi, plus récemment, d'Afrique ou d'Asie. Et chaque année, cette route tue, souvent dans l'indifférence générale. Durant cinq mois, nos reporters ont suivi le périple de la Congolaise Rosette et de sa famille sur cette route de tous les dangers. Reportage exceptionnel d'une durée de 36 minutes.
En cinq mois, Rosette et sa famille ont parcouru plus de 20 000 kilomètres, au péril de leur vie. Ils ont d’abord fui la République démocratique du Congo, puis traversé deux continents, l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord. Partis de Sao Paulo, au Brésil, où ils sont arrivés avec un simple visa de tourisme, ils ont ensuite traversé tout le continent sud-américain, connu la jungle colombienne, avant de rejoindre les États-Unis, et enfin l'eldorado canadien. Au total, ils ont franchi dix pays, sont passés entre les mains de réseaux clandestins, de cartels de trafiquants, de policiers ou militaires plus ou moins véreux qui contrôlent les frontières.
Au cours des cinq mois que nous avons passé aux côtés de Rosette, de son mari Godet et de leurs filles Maria et Pauline, nous avons rencontré d'autres migrants qui remontent vers le nord, jusqu’au Canada. Sur ce chemin, où le coût d'une vie se compte en poignées de dollars, Congolais, Maliens, Sénégalais, mais aussi Népalais et Bangladais, tentent de se fondre dans le flot des migrants sud-américains et caribéens. Un périple que beaucoup surnomment la "route de la mort", car certains ne parviendront pas à destination. L'itinéraire rejoint souvent celui de la cocaïne, massivement exporté de manière illégale vers l'Amérique du Nord.
Nous nous sommes attardés sur l'étape la plus dangereuse du parcours : l'axe Colombie-Panama et la jungle du Darien, entre ces deux pays. Enfin, nous avons rejoint la frontière canadienne, où une vague sans précédent de migrants clandestins tente quotidiennement de demander l’asile, avec le même espoir d’une vie meilleure.
Mise à jour 18 avril 2018 : Après être parvenus à traverser la frontière entre le Mexique et les États-Unis, Rosette, Godet, Pauline et Maria ont rallié Portland, dans le Maine, sur la côte nord-est des États-Unis. Ce dernier trajet leur a coûté toutes leurs économies, mais ils sont sains et saufs. La famille cherche désormais à se procurer les quelques dizaines de dollars nécessaires pour se rendre à la frontière canadienne.
Mise à jour 10 mai 2018 : Rosette, Godet, Pauline et Maria ont finalement pu atteindre le Canada. Ils sont désormais dans une structure d'accueil pour demandeurs d'asile à Montréal. En attendant la réponse des autorités canadiennes concernant leur demande d'asile, Rosette espère que ses filles pourront intégrer le système scolaire et apprendre le français.
Mise à jour 27 juin 2018 : Après avoir survécu à sept mois de voyage, traversé onze frontières entre les mains de réseaux de passeurs, et être passés par des camps de transit pour migrants sans papiers, Rosette et sa famille ont enfin pu déposer une demande d'asile au Canada. Ils sont désormais pris en charge par le Programme régional d'accueil et d'intégration des demandeurs d'asile (PRAIDA) à Montréal, au Québec. Si leur dossier est refusé, la famille congolaise risque d’être expulsée du territoire. Si leur demande est acceptée, Rosette espère reprendre des études d'aide-soignante. Godet, son mari, souhaite travailler dans le bâtiment. Pauline et Maria entreront à l'école à Montréal à la rentrée 2018. Pauline espère avoir une chance de réaliser son rêve au Canada : devenir médecin.
Un reportage de François Rihouay. Production : Keep In News, avec les équipes de France 24, Radio Canada, et RCN (Colombie).