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Alors que les Occidentaux font planer la menace de frappes militaires sur la Syrie, l’agence de contrôle du trafic aérien européen Eurocontrol a invité, mardi, les compagnies aériennes à faire preuve de prudence si elles survolent la zone.

La menace de frappes occidentales sur la Syrie ne cesse d’augmenter. L’agence de contrôle du trafic aérien européen Eurocontrol a invité, mardi 10 avril, les compagnies aériennes dont des avions survolent la Méditerranée orientale à la prudence dans les prochaines 72 heures en raison de possibles frappes aériennes ou tirs de missiles de croisière en direction de la Syrie.

Eurocontrol prévient que le fonctionnement de l’équipement de radio-navigation des appareils risque d’être perturbé en cas d’opérations militaires. Disant s’appuyer sur un document de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), l’agence invite les compagnies qui empruntent la zone de contrôle aérien (FIR) Méditerranée orientale/Nicosie à faire preuve d’une "attention particulière".

L’éventualité de frappes occidentales en représailles à une nouvelle attaque chimique présumée en Syrie a encore augmenté mardi faute d’accord au Conseil de sécurité des Nations unies sur la création d’une commission d’enquête.

Climat de guerre froide à l'ONU

La confrontation entre les États-Unis et la Russie sur le dossier syrien s'est durcie : Moscou, soutien indéfectible de Damas, a opposé mardi son veto à un projet de résolution américain visant à créer un mécanisme d'enquête indépendant sur le recours aux armes chimiques en Syrie. L'ambassadeur de Russie au Liban a ensuite prévenu dans la soirée que tout missile américain qui viendrait à être tiré sur la Syrie sera abattu.

"En cas de frappe américaine (...), les missiles seront abattus et même les sources d'où proviennent ces missiles seront prises pour cibles", a-t-il dit à la chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar. Alexander Zassipkine a dit se référer à une déclaration du président russe Vladimir Poutine et du chef d'état-major des armées russes.

De leur côté, les Occidentaux, États-Unis et France en tête, ont redoublé de détermination. "La France mettra tout en œuvre contre l'impunité chimique", a assuré l'ambassadeur français François Delattre. Elle annoncera "dans les prochains jours" la "décision" sur sa riposte, en coordination avec les alliés américain et britannique, a précisé à Paris le président Emmanuel Macron.

S'inscrivant dans cette fièvre diplomatique, Donald Trump et la Première ministre britannique, Theresa May, sont aussi "tombés d'accord", lors d'une conversation téléphonique, "pour ne pas laisser l'usage d'armes chimiques se poursuivre", a rapporté la Maison Blanche. Le président américain, qui avait lui promis une décision "très bientôt", a annulé un déplacement prévu en fin de semaine au Pérou afin de continuer à gérer le dossier syrien, renforçant le sentiment d'une action imminente.

Enquête de l’OIAC

L'Organisation internationale sur les armes chimiques (OIAC), un organisme dont le mandat est chargé d'enquêter sur une attaque présumée mais qui n'a pas la responsabilité d'en identifier les responsables, a annoncé mardi l'envoi "sous peu" d'une équipe en Syrie pour faire la lumière sur ce qui s'est passé à Douma.

Selon les Casques Blancs, les secouristes en zones rebelles, et l'ONG médicale Syrian American Medical Society, plus de 40 personnes ont été tuées samedi dans ce dernier bastion rebelle dans la Ghouta orientale aux portes de Damas, tandis que plus de 500 blessés ont été soignés, notamment pour des "difficultés respiratoires".

L'OIAC a été invité par Damas, qui, comme Moscou, nie l'existence d'une telle attaque chimique. Selon des diplomates, cela pourrait permettre au pouvoir syrien de retarder d'éventuelles frappes occidentales.