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Brésil : l'ex-président Lula passe sa première nuit en prison

L'ancien président brésilien Luiz Inacio "Lula" da Silva s'est finalement livré à la police samedi, après avoir refusé de le faire la veille malgré le mandat de dépôt le visant pour sa condamnation à 12 ans de prison dans une affaire de corruption.

L'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a commencé, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 avril, à purger une lourde peine de prison pour corruption, au terme des plusieurs jours mouvementés qui marquent la chute de cette figure de la gauche mondiale.

Le favori de la présidentielle d'octobre a aussitôt été transféré par avion à Curitiba, ville du sud du pays où il a été jugé et condamné l'an dernier, puis acheminé par hélicoptère au siège local de la police fédérale pour entamer sa période de détention.

Des heurts ont éclaté devant le bâtiment entre des partisans de l'ex-chef de l'État et la police, qui a utilisé des grenades assourdissantes, du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour les disperser.

Cellule de 15 m2

Lula, 72 ans, a été condamné pour avoir reçu un luxueux appartement en bord de mer offert par une entreprise de BTP. Ce bien aurait été donné en échange de faveurs dans l'obtention de marchés publics. Ses avocats avaient négocié vendredi avec les autorités les conditions de l'arrestation de cet ancien cireur de chaussures quasiment analphabète s'étant hissé au sommet de l'État.

Il doit occuper une cellule de 15 m2 avec toilettes et douche privatives au siège de la police fédérale de Curitiba, avant un transfèrement. Elle a été spécialement prévue en raison du statut d'ex-chef d'État de Lula, "à l'écart des autres prisonniers, sans aucun risque pour son intégrité morale ou physique", a expliqué le juge anticorruption Sergio Moro.

"Je suis un citoyen outré"

Lula ne pouvait plus guère éviter la prison, deux jours après le mandat de dépôt du juge Moro, consécutif à sa condamnation en appel à 12 ans et un mois de prison, pour corruption et blanchiment d'argent.

"Je vais me conformer au mandat de dépôt", a dit la figure emblématique de la gauche latino-américaine. Mais "je suis un citoyen outré (...), je ne pardonne pas que l'on dise au pays que je suis un voleur".

Lula s'estime victime d'une machination "des élites" destinée à l'empêcher de se présenter à un troisième mandat. "Leur obsession est d'avoir une photo de Lula prisonnier", a-t-il lancé. Il est l'objet de six autres procédures, essentiellement pour corruption, un cancer qui ronge le Brésil.

Même en détention, Lula pourrait toutefois techniquement s'enregistrer comme candidat à la présidentielle, même s'il semble désormais hors course, à six mois d'un scrutin de plus en plus incertain.

C'est la justice électorale qui trancherait in fine sur l'éligibilité de celui qui a près de 20 points d'avance dans les intentions de vote sur son suivant immédiat, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Avec AFP et Reuters