La communauté internationale a annoncé, vendredi, l'octroi de près de 11 milliards de dollars au Liban en prêts et dons afin de moderniser l'économie et renforcer la stabilité du pays, menacé par les crises régionales.
"Un Liban responsable, fort, préservé, encouragé et soutenu est absolument essentiel pour construire patiemment les conditions d’une paix restaurée au Proche-Orient", a déclaré Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre libanais Saad Hariri, vendredi 6 avril à Paris.
C’est dans ce même esprit, pour contribuer à moderniser l’économie et renforcer la stabilité du Liban, que la communauté internationale a annoncé le même jour, dans le cadre de la conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (Cedre), l'octroi de 11 milliards de dollars au Liban en prêts et dons.
"La Banque mondiale va mobiliser plus de quatre milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour une croissance inclusive et la création d'emplois au Liban", a tweeté la directrice générale de l'institution, Kristalina Georgieva.
Côté européen, une série d'annonces ont également été faites, France en tête (550 millions d'euros), suivie des Pays-Bas (300 millions d'euros) et de l'Union européenne (150 millions d'euros).
The @WorldBank Group will mobilize more than $4 billion over the next five years for inclusive growth & job creation in #Lebanon. #CEDRE pic.twitter.com/Fr23kxpg2s
Kristalina Georgieva (@KGeorgieva) 6 avril 2018"Le Liban n'est pas une île"
L'Arabie saoudite a pour sa part annoncé qu'elle allait renouveler une ligne de crédit d'un milliard de dollars, signe de son engagement au côté du Liban malgré ses inquiétudes récurrentes sur l'influence croissante de l'Iran dans ce pays. Riyad est même soupçonné d'avoir poussé Saad Hariri à la démission en novembre 2017 en raison de l'influence croissante du Hezbollah et, à travers lui, de l'Iran. M. Hariri avait finalement rejoint Beyrouth après une médiation de Paris et repris sa démission.
CÈDRE à Paris: nombreuses annonces en faveur du #Liban : 800 M€ pour la BEI, 700 M$ pour le Koweït ( Kuwait Fund for Arab Eco Dev), 1,1 Mds de $ pour la BERD pour 6 ans, 500 M$ pour le Fonds Arabe FADES (1 Mds$ si réformes réalisées). Les réformes au cœur du processus de CÈDRE.
Bruno Foucher (@B_Foucher) 6 avril 2018"Le Liban n'est pas une île. Il subit de plein fouet les effets des tensions régionales et de la crise syrienne. Il combat le terrorisme à ses frontières et en son sein et, avec plus d'un million de réfugiés, il a pris plus que sa part du fardeau de l'exil syrien", a lancé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Un taux de croissance en chute libre
"Aujourd’hui, le Liban a forgé un nouveau partenariat avec la communauté internationale pour sauvegarder la stabilité du Liban et protéger son modèle de paix et de coexistence dans une région en proie aux conflits. Un partenariat aussi pour la croissance, l’emploi et la stabilité", a réagi le Premier ministre libanais Saad Hariri, le 6 avril, en remerciant l'ensemble de ses partenaires.
Mes remerciements les plus vifs à chacun d’entre vous, à vos gouvernements et vos institutions. Merci pour votre soutien. Merci d’avoir investi dans la stabilité politique, économique et sociale du Liban #CEDRE
Saad Hariri (@saadhariri) 6 avril 2018Beyrouth, qui espère réunir les fonds permettant de financer la première phase de son programme d’investissements de 16 milliards de dollars (13 milliards d’euros) sur 10 ans, a défini quelque 250 projets, notamment dans les transports, l’eau et l’électricité.
Depuis la crise syrienne, l'économie libanaise a vu son taux de croissance chuter de 8 % à 1 % à peine, soit une perte de 18 milliards d'euros jusqu'en 2015, a-t-il noté, s'appuyant sur des chiffres de la Banque mondiale. L'afflux de réfugiés syriens – qui représentent un quart de la population – affecte notamment gravement l'économie, les infrastructures et les secteurs sociaux libanais, déjà très fragiles. Il a accru l'endettement du Liban de 6 milliards de dollars jusqu'en 2016.
Saad Harari, accompagné de cinq ministres représentant tout le spectre politique libanais, s'est par ailleurs engagé à "lutter contre la corruption", moderniser le fonctionnement des marchés publics et favoriser une meilleure "gouvernance fiscale". Il a aussi promis de "réduire le déficit budgétaire de 5 points par rapport au PIB sur les cinq années à venir". Ce déficit atteint 9 à 10 % du PIB.
La communauté internationale a déjà œuvré au renforcement de l'armée libanaise lors de la conférence de Rome le 15 mars et doit faire un geste pour le million de réfugiés syriens au Liban, le 25 avril à Bruxelles. Au total, les besoins du Liban sont estimés à 23 milliards de dollars sur 12 ans.
Avec AFP et Reuters