
Washington et Bruxelles ont affirmé mercredi s'être mis d'accord pour entamer un processus de discussions sur les taxes commerciales que Donald Trump veut imposer sur l'acier et l'aluminium. L'Union européenne espère en être exemptée.
Washington et l'Union européenne (UE) se sont donné un peu de champ mercredi 21 mars dans le conflit sur les taxes américaines sur l'acier et l’aluminium. "Nous sommes convenus de lancer immédiatement un processus de discussions avec le président Trump et l'administration Trump sur les dossiers commerciaux qui nous préoccupent, incluant l'acier et l'aluminium, pour trouver une solution mutuellement acceptable aussi rapidement que possible", ont indiqué le secrétaire au Commerce américain Wilbur Ross et la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström dans un communiqué commun.
Donald Trump avait annoncé le 8 mars qu'il allait imposer des taxes à l'importation de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium pour protéger l'industrie américaine et garantir la sécurité nationale du pays, suscitant une vague de protestations, notamment de la part de l’UE. Le président américain en a toutefois exempté dans un premier temps le Canada et le Mexique, partenaires des États-Unis au sein de l'accord nord-américain de libre-échange (Aléna). Le ministère du Commerce américain a également ouvert lundi un processus d'exemption qui peut permettre à des entreprises basées aux États-Unis de ne pas pâtir de ces taxes.
Faire exempter l'UE "dans son ensemble"
Cecilia Malmström avait fait le déplacement dans la capitale fédérale avec la volonté de faire exempter l'UE "dans son ensemble". Ses entretiens ont également porté sur la surproduction chinoise pour les deux produits visés par les taxes américaines. Elle devait regagner Bruxelles mercredi dans la soirée avant de faire rapport jeudi au Parlement européen.
Le ministre allemand de l'économie Peter Altmaier avait lui aussi fait le déplacement à Washington lundi et mardi et évoqué un possible compromis entre Américains et Européens. Mais son homologue français, Bruno le Maire, s'est montré moins conciliant mardi alors qu'il participait à une réunion des ministres des Finances du G20 à Buenos Aires. Il a affirmé que la France exigeait une exemption des taxes américaines "sans conditions". "Nous avons en Europe une industrie sidérurgique et nous ne voulons pas qu'elle soit fragilisée par une décision inappropriée et unilatérale", avait déclaré le ministre français, sous-entendant que la France et l'Europe ne devaient pas payer les pots cassés d'un conflit entre Washington et Pékin.
Mesures de rétorsion
L'Union européenne a déjà préparé une liste de produits américains qui pourraient à leur tour être visés par des taxes si celles envisagées par les États-Unis entraient en application, faisant courir le risque d'une guerre commerciale. Celle-ci serait d'autant plus généralisée que Donald Trump annoncera, dès jeudi, des sanctions contre la Chine dans le domaine de la propriété intellectuelle.
Avant même l'annonce américaine, le Premier ministre chinois Li Keqiang a exhorté Washington à "raison garder" et à ne pas agir "sous le coup de l’émotion". Pékin pourrait en rétorsion viser des produits agricoles américains comme le soja, le sorghum et les porcs en privilégiant les régions qui ont voté pour Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2016, un objectif que pourraient également viser d'éventuelles mesures de l'Union européenne.
Avec AFP