Le chef de la diplomatie britannique a fait monter d'un cran la pression avec Moscou mercredi, estimant, comme un parlementaire avant lui, que Vladimir Poutine allait utiliser la Coupe du monde "comme Hitler a utilisé les Jeux olympiques de 1936".
Depuis le début de l’affaire Skripal, la guerre des mots entre le Royaume-Uni et la Russie ne faiblit pas. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a ainsi trouvé "juste", mercredi 21 mars, de comparer la Coupe du monde de football en Russie avec les Jeux olympiques de Berlin en 1936 sous Hitler.
"Oui, je pense que la comparaison avec 1936 est juste", a lâché Boris Johnson devant une commission parlementaire, en réponse à un des membres qui estimait que le président russe Vladimir Poutine allait utiliser la Coupe du monde "comme Hitler a utilisé les Jeux olympiques de 1936". "Franchement, c'est à vomir de penser à Poutine en train de se glorifier lors de cet événement sportif", a-t-il ajouté.
"De tels parallèles (...) sont inadmissibles et indignes d'un chef de la diplomatie d'un État européen", s'est aussitôt étranglée la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
Boris Johnson a réclamé que Moscou garantisse la sécurité des supporteurs britanniques qui se rendront à la Coupe du monde. "C'est leur devoir, selon le contrat de la Fifa, de faire attention à tous les fans", a-t-il prévenu, ajoutant que Londres "n'entend pas activement décourager les gens d'y aller". "Le défi que je lance aux autorités russes, c'est de montrer que les 24 000 candidats britanniques à des tickets pour la Coupe du monde seront bien traités, seront en sécurité", a-t-il ajouté.
Attaque contre "les valeurs"
Selon le chef la diplomatie britannique, le Royaume-Uni a été "pris pour cible (...) parce que c'est un pays qui a un sens particulier des valeurs, qui croit en la liberté, en la démocratie et en l'État de droit et a, à maintes reprises, dénoncé les abus de la Russie concernant ces valeurs". "Nous l'avons vu avec les Balkans occidentaux, dans les pays baltes, dans ce qui se passe en Syrie avec la connivence des Russes : que ce soit à l'UE ou à l'ONU, c'est le Royaume-Uni qui a été le plus direct, le plus obstiné à s'en tenir à nos valeurs", a-t-il relevé.
Rejetant l'éventualité que cet empoisonnement ait pu être commis par des agents russes ou d'ex-agents en dehors du contrôle du président Vladimir Poutine, Boris Johnson a encore affirmé que "la chaîne des responsabilités mène inexorablement au sommet de l'État russe".
Interrogé sur le timing de l'attaque, il a vu un lien avec l'élection présidentielle russe dimanche, au cours de laquelle Vladimir Poutine a été triomphalement réélu. "Comme beaucoup de personnalités antidémocratiques confrontées à des élections ou à des situations politiques critiques, il est tentant d'invoquer l'image de l'ennemi dans l'imagination du public", a-t-il dit, y voyant "une tentative de galvaniser l'électorat russe" tout en envoyant un "message aux potentiels transfuges".
Le président du conseil européen, Donald Tusk, a d’ailleurs catégoriquement refusé mercredi d'adresser ses félicitations à Vladimir Poutine : "Après l'attaque de Salisbury, je ne suis pas d'humeur à féliciter Poutine pour sa réélection", a-t-il déclaré.
Avec AFP