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Iran, Corée du Nord, climat… les couleuvres avalées par Rex Tillerson

Rex Tillerson, dont le limogeage a été annoncé mardi matin par Donald Trump, a fait plusieurs fois état de divergences avec la Maison Blanche. Retour sur ces désaccords qui ont eu raison du chef de la diplomatie américaine.

Des désaccords et des couleuvres. Le président américain Donald Trump a évoqué, mardi des désaccords avec le secrétaire d'État Rex Tillerson pour justifier son limogeage express, annoncé quelques minutes plus tôt. Après des débuts idylliques, "il deviendra une star" avait prédit le milliardaire, les rapports entre les deux hommes s’étaient sensiblement tendus à cause de divergences de vues sur des dossiers cruciaux, comme sur la Corée du Nord, le dossier du nucléaire iranien, le climat, voire aussi la crise dans le Golfe.

Congratulations to Rex Tillerson on being sworn in as our new Secretary of State. He will be a star!

  Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 février 2017

Sur toutes ces questions, le chef de la diplomatie américaine, fréquemment annoncé sur le départ, a dû s’incliner face à un Donald Trump qui n’a eu de cesse de court-circuiter sa mission à coup de tweets. Frustré, excédé, mais loyal jusqu’au bout, l'ancien PDG d'ExxonMobil aurait même traité de "débile" le président, selon plusieurs médias américains, ce qu’il n’a jamais clairement démenti.

  • La Corée du Nord

C’est le dossier nord-coréen qui a mis en lumière les dissensions entre les deux hommes. Alors que le président américain tonnait contre Pyongyang et menaçait directement le dictateur Kim Jong-un sur Twitter, son chef de la diplomatie déclarait publiquement de son côté que Washington était ouvert au dialogue avec le régime, "sans condition préalable".

Une cacophonie ravageuse pour l’image des États-Unis, qui s’est doublée d’une humiliation publique pour Rex Tillerson. Ce dernier a en effet été désavoué, sur Twitter, par son président, qui lui a reproché de jouer la carte de la négociation avec la Corée du Nord, arguant que discuter n'était pas la solution. "J'ai dit à Rex Tillerson, notre merveilleux secrétaire d'État, qu'il perd son temps à négocier avec le Little Rocket Man... [le petit homme fusée, NDLR], avait-il tweeté. Conserve ton énergie Rex, nous ferons ce que nous devons faire".

I told Rex Tillerson, our wonderful Secretary of State, that he is wasting his time trying to negotiate with Little Rocket Man...

  Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 1 octobre 2017

Ironie de l’histoire, après moult surenchères, Donald Trump a fini par accepter la semaine dernière l'invitation du dirigeant nord-coréen à une rencontre bilatérale historique d'ici fin mai, afin de discuter de dénucléarisation. Pis, ce mardi, la Maison Blanche a mis en avant la volonté du président d'avoir une nouvelle équipe au moment d'aborder les négociations avec Pyongyang pour justifier le remplacement de Rex Tillerson.

  • L’accord sur le nucléaire iranien

De l’aveu même de Donald Trump, l’un des principaux désaccords qu’il avait avec son secrétaire d'État concernait l’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015, et dénoncé par le milliardaire avant même d’être élu à la présidence. "Quand on pense à l'accord iranien, je pense qu'il est très mauvais, et je crois que [Rex Tillerson] pense qu'il est correct. Je voulais le casser ou faire quelque chose et il n'était pas tout à fait du même avis", a-t-il indiqué, ce mardi. Rex Tillerson a également fait plusieurs fois état de son côté de divergences de vue sur cette question qui obsède le président.

  • L’accord de Paris sur le climat

En août dernier, Donald Trump a retiré son pays de l'accord de Paris sur le climat, visant à limiter le réchauffement climatique, et signé en décembre 2015 par 195 pays dans la capitale française. Il a jugé le texte néfaste pour l'économie américaine, non sans déclencher un tollé sur la scène internationale. Un sentiment que ne partageait pas Rex Tillerson. "J’étais libre d’exprimer mon opinion, j’ai exposé un point de vue différent de la décision qui a été prise", avait déclaré le chef de la diplomatie, critiquant ouvertement la démarche présidentielle. "Mon opinion n’a pas changé (…), mais je respecte la décision qui a été prise [par le président]" avait-il ajouté.

  • Charlottesville

Rex Tillerson s’est également désolidarisé des propos polémiques de Donald Trump sur une question de politique intérieure, qui a secoué les États-Unis fin août. En pleine tempête médiatique, le président avait affirmé qu'il y avait "des gens très bien" dans les deux camps, celui des suprémacistes blancs et celui des militants antiracistes, qui se faisaient face lors des incidents de Charlottesville. "Le président parle pour lui-même", avait froidement répliqué à la télévision le secrétaire d'État, visiblement embarassé.

  • La crise du Golfe

En juin, en plein crise du Golfe, qui oppose le Qatar à ses voisins sunnites emmenés par l’Arabie saoudite, qui l’ont soumis à un blocus, le chef de diplomatie américaine s’est rendu dans la région pour jouer les médiateurs. Rex Tillerson a demandé "à ce que ces pays prennent immédiatement des mesures pour désamorcer la situation et fasse un effort de bonne foi".

During my recent trip to the Middle East I stated that there can no longer be funding of Radical Ideology. Leaders pointed to Qatar - look!

  Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 juin 2017

De son côté, Donald Trump s’était vanté de la mise au ban du petit émirat gazier, pointé du doigt pour ses rapports cordiaux avec l’Iran, le rival chiite, et son soutien aux Frères musulmans dans le monde islamique. "Durant mon récent voyage au Moyen-Orient j'ai affirmé que le financement de l'idéologie radicale devait cesser. Les dirigeants ont montré du doigt le Qatar, regardez !", s’était félicité le président dans un tweet.