
La volonté de Donald Trump de taxer les importations d'acier et d'aluminium a déjà fait une victime : Gary Cohn. Opposé au président américain sur ce dossier, le principal conseiller économique de la Maison Blanche a démissionné.
Nouveau départ à la Maison Blanche : Gary Cohn, principal conseiller économique de Donald Trump, a annoncé, mardi 6 mars, sa démission après la décision très controversée du président américain de taxer les importations d'acier et d'aluminium.
Cet ancien numéro deux de la banque Goldman Sachs, vent debout contre la politique du magnat de l'immobilier sur ce dossier, rejoint l'impressionnante liste de proches collaborateurs du président américain ayant déjà quitté le navire.
La réaction des marchés ne s'est pas faite attendre, ce départ intervenant au moment où le président américain semble déterminé à dérouler une politique isolationniste qui sème la consternation à travers le monde et effraie une partie de son propre camp.
En Chine, les places boursières ont ouvert en repli, minées par les craintes de guerre commerciale. La Bourse de Tokyo a également démarré dans le rouge, l'annonce du départ de Gary Cohn faisant passer au second plan celle d'un sommet historique prochain entre les deux Corées.
"Prendrai bientôt une décision sur la nomination d'un nouveau conseiller économique en chef. Beaucoup de gens veulent ce poste - choisirai avec sagesse !", a affirmé Donald Trump sur Twitter dans la soirée.
Ce n'est pas la première fois que Gary Cohn, 57 ans, se montrait ouvertement en désaccord avec Donald Trump. En août 2017, il avait critiqué ce dernier pour sa réaction après les violences racistes de Charlottesville, en Virginie, mais n'avait pas franchi le pas de la démission.
"Ce fut un honneur de servir mon pays et de mettre en place des politiques pro-croissance favorables aux Américains, avec en particulier le vote d'une réforme fiscale historique", a indiqué, dans un communiqué laconique, celui qui dirigeait l'influent Conseil économique national (NEC).
Tensions chez les républicains
Donald Trump a menacé la semaine dernière d'imposer des droits de douane de 25 % pour l'acier et de 10 % pour l'aluminium sur les importations aux États-Unis, afin de protéger ces secteurs jugés cruciaux pour la sécurité nationale.
La plupart des partenaires commerciaux de Washington ont clairement indiqué qu'ils n'entendaient pas rester les bras croisés. L'Union européenne a dit préparer des mesures de rétorsion contre des importations américaines dont les motos Harley-Davidson, les jeans Levi's et le whiskey bourbon.
Mardi, le Mexique, qui fait partie avec les États-Unis et le Canada de l'accord nord-américain de libre-échange (Aléna), a menacé de taxer à son tour les biens américains "sensibles politiquement".
La cible principale des taxes américaines est la Chine mais plusieurs analystes ont fait observer que ce pays ne représentait que 2 % des importations américaines d'acier.
Les velléités de Donald Trump d'imposer des taxes suscitent en tous cas de fortes réticences au sein même de son parti républicain, majoritaire au Congrès, traditionnellement favorable au libre-échange. Élu du Wisconsin, berceau de Harley-Davidson, le président de la Chambre des représentants Paul Ryan a appelé mardi le président à renoncer à sa décision et à lui préférer des mesures "ciblées" pour éviter une guerre commerciale risquée.
Admettant qu'il existait "clairement des abus" en matière de dumping, Paul Ryan a affirmé à la presse que les mesures protectionnistes souhaitées par la Maison Blanche pourraient entraîner des "dommages collatéraux".
Avec AFP