En Guinée, les syndicats et l'opposition ont appelé lundi à une opération "ville morte" à Conakry. Leurs revendications, sociales et politiques, sont nombreuses. Ils promettent de renouveler l'opération si le gouvernement n'y répond pas.
Conakry gronde. La capitale guinéenne a été transformée, lundi 26 février, en "ville morte" à l'appel des enseignants, des syndicats et de l'opposition, a constaté un correspondant de l'AFP. Plusieurs incidents ont émaillé cette opération. Des véhicules ont été caillassés et des pneus brûlés dans la ville, où de très nombreux commerces étaient fermés.
Interrogé par l'AFP, un responsable de l'opposition, Faya Millimouno, leader du Bloc Libéral (BL), s'est "félicité du succès de la journée ville morte". "Les prochains jours seront plus chauds pour le pouvoir", a-t-il prévenu.
Dans un climat social et politique déjà tendu, le principal parti de l'opposition, l'UFDG de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, avait appelé à protester contre "la fraude électorale à grande échelle, organisée par le gouvernement", lors des élections locales du 4 février.
"Si nous ne sommes pas entendus, nous allons étendre ces manifestations à toutes les villes de la Guinée dans les prochains jours", a prévenu l'UFDG, arrivé en deuxième position derrière le RPG, la formation du président Alpha Condé, lors du scrutin de février.
Le gouvernement a indiqué qu'il réagirait prochainement "par rapport à la situation politique en général et à l'appel à la ville morte en particulier".
Les écoles en grève depuis deux semaines
Les écoles de Conakry, en grève depuis deux semaines, étaient à nouveau désertes. Les leaders syndicaux, non reconnus par l'État, réclament une augmentation des salaires des enseignants de 40 % avec effet rétroactif. Un de ses porte-parole a déclaré que la grève se poursuivrait malgré l'annonce samedi par le gouvernement d'une augmentation de 10 % des traitements des enseignants.
La grogne sociale s'est étendue, lundi, à l'ensemble de l'économie, à l'appel de l'Union générale des travailleurs de Guinée (UGTG), qui dénonce en vrac une mauvaise gestion de la sécurité sociale, des licenciements arbitraires dans plusieurs entreprises, la politisation de l'administration, les entraves à la liberté syndicale ou encore "l'indifférence" perçue de l'État face aux accidents de travail.
Le puissant syndicat a appelé les travailleurs de tous les secteurs (public, privé, mixte, informel) à arrêter le travail sur l'ensemble du pays "jusqu'à la satisfaction" de ses revendications.
Avec AFP