Des forces favorables au régime syrien sont entrées, mardi, dans le district d'Afrin, sous les "tirs d'avertissement" de l’armée turque, pour venir en aide à des miliciens kurdes.
Des forces favorables au régime syrien sont entrées, mardi 20 février, dans le district d'Afrin, afin de prêter main forte aux miliciens kurdes. En réponse, l'armée turque a procédé à des tirs d'avertissement.
L'arrivée des forces pro-régime dans une région semi-autonome kurde qui échappe au contrôle de Damas depuis 2012 marque un développement majeur ajoutant à la complexité de la guerre civile qui ravage la Syrie depuis bientôt sept ans.
Les Unités de protection du peuple (YPG) ont publié un communiqué annonçant que le gouvernement syrien avait envoyé des "unités militaires" à Afrin pour repousser l’offensive turque. Elles devaient "prendre position à la frontière et participer à la défense de l'unité territoriale de la Syrie et de ses frontières", affirme ce texte. "Des centaines de combattants ont été déployés cet après-midi" dans la zone, a confirmé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'agence officielle syrienne Sana avait indiqué, la veille, que des forces pro-régime allaient "se joindre à la résistance contre l'agression turque".
Qui sont ces forces ? D'après Cédric Mas, historien militaire et spécialiste de la Syrie interrogé sur France 24, il s’agirait des détachements "d'un ou deux convois de défense des forces nationales, qui cherchent à sauver la situation, alors que l’armée est saignée à blanc par les désertions et les pertes durant les premières années du conflit. Ces forces sont levées et appointées grâce à des capitaux iraniens, et sont donc étroitement sous obédience iranienne. Cette entrée dans Afrin doit être replacée dans un échiquier plus global : la Syrie sert de jeu d’échecs entre différentes puissances régionales, dont l’Iran et la Turquie qui sont en opposition frontale." Cédric Mas mentionne le bilan de deux morts et cinq blessés, citant des sources locales.
De son côté, la Turquie annonce avoir répliqué par des "tirs d'avertissement" contre les forces syriennes entrées à Afrin. "Ce soir des terroristes ont tenté de se diriger vers Afrin avec quelques pick-up, mais après des tirs d'artillerie ils ont été contraints à reculer. Ce dossier est clos pour le moment", a déclaré à la presse le président turc Recep Tayyip Erdogan.
M. Erdogan a aussi affirmé que les forces turques assiégeraient prochainement la ville d'Afrin. Ses plans risquent toutefois d'être contrariés par les derniers développements.
Le Drian sera à Moscou et à Téhéran
Il n'était pas clair dans l'immédiat si le déploiement syrien s'est fait avec l'aval de Moscou, un allié-clef du régime du président Bachar al-Assad et qui contrôle l'espace aérien dans le nord de la Syrie, un important levier qui peut lui permettre de faire pression sur Ankara.
Toutefois, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé qu’il se rendra dans les jours qui viennent à Moscou et à Téhéran pour discuter de la situation.
Moscou a beau avoir tacitement donné son feu vert à l'offensive d'Afrine, il n'a pas manqué de manifester déjà sa mauvaise humeur à l'égard d'Ankara en fermant l'espace aérien à ses avions pendant plusieurs jours après qu'un appareil russe eut été abattu dans une zone du nord de la Syrie où des observateurs militaires turcs sont censés faire respecter une zone de désescalade.
La Russie et la Turquie coopèrent étroitement sur le dossier syrien, même si elles soutiennent des camps opposés dans le conflit. M. Erdogan s'est rapproché de Moscou après avoir été excédé par le soutien apporté par les Etats-Unis aux YPG, devenues leur fer de lance sur le terrain dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique.
Avec AFP