Clap de fin en fanfare pour Marie Martinod. La Française, qui prendra sa retraite sportive le mois prochain, a décroché la médaille d'argent en ski halfpipe aux JO de Pyeongchang. Une belle conclusion, quatre ans après y avoir déjà goûté à Sotchi.
Marie Martinod a vraiment bien fait de sortir de sa retraite. La skieuse française a décroché mardi 20 février, à 33 ans et sous les yeux de sa fille, une deuxième médaille d'argent olympique après celle remportée à Sotchi dans la foulée d'un break de presque six ans.
La petite Mélirose, huit ans, était déjà là en 2014 en Russie, mais elle n'avait sans doute pas tenu un rôle aussi décisif que ce mardi à Pyeongchang. Car si elle est restée muette devant les journalistes, Mélirose avait su auparavant trouver les mots pour motiver sa mère.
"Avant la compèt', elle m'avait dit : 'Maman, tu vas toutes les défoncer !'", rigolait la skieuse de La Plagne après cette nouvelle médaille d'argent.
On n'a pas vu beaucoup d'athlètes pères ou de mères de famille au Phoenix Snowpark, où sont distribuées les médailles de disciplines "jeunes". On n'a pas non plus vu beaucoup de médaillés de 33 ans, comme Marie Martinod.
La Française a en fait eu une double vie d'athlète de haut niveau. Très performante très jeune, avec un globe de cristal de la discipline en 2004, elle avait ensuite tout envoyé balader à 22 ans pour ouvrir une boîte de nuit.
Et elle n'a repris le ski que six ans plus tard, juste avant Sotchi, après avoir croisé par hasard son ancien entraîneur Grégory Guénet au supermarché.
"Un petit détail peut changer ta vie. Bon, moi j'y vais souvent à ce supermarché parce que j'habite à côté. Mais lui il était là juste pour prendre une bouteille de rouge vite fait. On a discuté et ça a déclenché quelque chose", a raconté mardi celle qui est désormais double vice-championne olympique.
L'intouchable saucisse
Mais la skieuse de 22 ans et celle qui a brillé aux Jeux n'est plus la même, ne serait-ce que du fait de la présence de sa fille, qui induit un rapport différent à la prise de risques.
"Quand tu es dans un cercle vertueux, qu'elle est là à fond, 'allez maman', ça te pousse. Mais quand tu es dans le cercle vicieux, que ça ne va pas, que tu es au bout de ta vie au fin fond de l'Autriche, à faire de la merde à l'entraînement, tu te dis : 'C'est bon, ça sert à rien de prendre ces risques, je rentre'", racontait Martinod à son arrivée à Pyeongchang.
Mais en Corée du Sud, la Française était dans un cercle vertueux. "C'était super cool. On était relax, la pression était là mais elle était gérée. Mes runs s'enfilaient bien. Un moment de grâce où tout le monde est confiant", a-t-elle détaillé.
Après un superbe premier passage noté 92.20 points, Martinod a encore amélioré son score au 2e run, avec 92.60 points. Il lui restait alors une dernière chance pour dépasser la Canadienne Cassie Sharp, première des qualifications et qui avait annoncé qu'elle allait faire encore mieux en finale.
"Elle en fait des caisses, cette saucisse", avait plaisanté Martinod lundi. Mais "la saucisse" était intouchable et s'est imposée avec un superbe score de 95.80 points, l'Américaine Brita Sigourney prenant la médaille de bronze (91.60).
Pendant que Mélirose, avec son pin's "I love Marie" sur le bonnet, "checkait" la nouvelle championne olympique, Marie Martinod installait un drapeau français sur ses épaules et se dirigeait vers son deuxième podium olympique, le dernier.
"À un moment il faut savoir passer à autre chose. J'ai plein d'autres choses qui m'attendent. Comme vous avez vu, j'ai une bonne étoile, une putain de bonne étoile. Du coup je vais aller faire d'autres trucs, en gardant les pieds dans le sport et dans le ski", a-t-elle expliqué.
Encore une étape de Coupe du monde et ça sera donc la retraite. La vraie.
Avec AFP