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Jeux vidéo et cryptomonnaie au centre d'une campagne de l'Unicef pour la Syrie

L’Unicef a lancé une opération de collecte inédite : demander à des joueurs de jeux vidéo de les aider à créer de l’ethereum - un concurrent au bitcoin - pour venir en aide aux enfants en Syrie.

Jouer aux jeux vidéo peut sauver des vies en Syrie. Tel est le slogan de la dernière collecte de fonds de l’Unicef. Depuis le 2 février, l’organe des Nations unies pour la protection de l’enfance fait appel aux “gamers” pour venir en aide aux enfants victimes du conflit syrien.

L’initiative n’a, a priori, rien de révolutionnaire. De nombreuses associations mobilisent depuis des années les professionnels de jeux vidéo afin qu’ils incitent leurs fans sur Internet à mettre la main à la poche pour soutenir la lutte contre le cancer ou pour améliorer le sort des enfants hospitalisés.

“Si on atteint 10 000 euros, ce sera super”

Mais l’Unicef a ajouté un vernis de cryptomonnaie à son initiative. Sa levée de fonds, baptisée GameChaingers, ne coûte pas un centime à ceux qui y participent. Les joueurs sont simplement priés de mettre une partie de la puissance de calcul de leur ordinateur (et surtour de leur carte graphique) à disposition pour “miner” (le processus de création) de l’etheréum, le principal concurrent du bitcoin.

Depuis le lancement de cette opération, 761 personnes se sont mises à créer cette cryptomonnaie pour le compte de l’Unicef. La puissance combinée de leurs ordinateurs a permis de lever un peu plus de trois ethers, soit 2630,50 euros, au 12 février.

“Si on atteint 10 000 euros, ce sera super. C’est une petite campagne en termes de collecte, mais elle peut être importante en termes de communication. Et puis c’est aussi un test pour savoir comment fonctionne une levée de fonds en cryptomonnaie”, explique Hubert Chaminade, responsable de la collecte en ligne pour l’Unicef France, contacté par France 24.

Antonymous, Thedude3D ou encore SirAvalon - trois des “généreux” donateurs - ont jusqu’au 31 mars pour continuer à fabriquer ainsi de l’ethereum. Il leur a suffi d’installer sur leur ordinateur un petit programme qui, une fois lancé, utilise une partie de la puissance de la machine pour résoudre des calculs mathématiques toujours plus complexes. Chaque équation résolue permet de générer une “pièce” d’ether.

L’Unicef n’a pas ciblé les joueurs par hasard. Ce sont eux qui, généralement, possèdent les ordinateurs les plus puissants car les jeux modernes nécessitent souvent le nec plus ultra du matériel informatique. Mais n’importe quel internaute disposant d’un ordinateur performant peut participer, qu’il dézingue du zombie ou non.

Risque de dévaluation

GameChaingers est aussi une manière “d’essayer de sensibiliser un public nouveau à la situation des enfants en Syrie”, assure Hubert Chaminade. “Ce n’est pas un scoop, mais une constatation : la population des donateurs vieillit : 71,6 % d’entre eux ont plus de 50 ans”, note l’Unicef dans un communiqué pour promouvoir cette nouvelle action. Pour Hubert Chaminade, cette opération est une première étape pour savoir si ce genre de collecte “indolore” (puisqu’il ne faut pas payer directement depuis sa poche) peut amener un public plus jeune à participer à l’aide internationale.

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Mais passer par des cryptomonnaie n’est pas sans risque en ce moment. Le bitcoin a connu une forte chute ces dernières semaines, et rien ne dit que d’ici au 31 mars, l’ethereum n’aura pas, à son tour, connu une forte dévaluation. “On en a conscience, mais au moins on aura appris quelque chose en essayant de le faire, c’est toujours mieux que de ne rien tenter”, souligne Hubert Chaminade.

Les ethers ainsi collectés ne seront pas reversés directement aux enfants syriens qui n’en ont aucune utilité. Ils viendront garnir le fonds d’urgence pour la Syrie, comme n’importe quelle autre collecte traditionnelle. Mais à la fin, l’Unicef sera confrontée au même dilemme que n’importe quel spéculateur en cryptomonnaie : à quel moment transformer le pactole en euros pour en tirer le meilleur prix ? Et, pour le coup, l’enjeu n’est pas le profit d’un quelconque fonds d’investissement, mais le sort d’enfants dans l’une des zones les plus dangereuses au monde.