
Après de longues années d'attente, la Falcon Heavy de SpaceX, "plus puissante fusée" sur le marché, a pris son envol. Une réussite quasiment parfaite.
On l'attendait, ce décollage. Oh oui, on voulait que cette Falcon Heavy, beau bébé de 70 mètres de haut et pesant près de 1 500 tonnes, ayant coûté 90 millions de dollars à SpaceX, prenne enfin ses aises dans les cieux étoilés.
Plus de 2 millions de personnes ont suivi le décollage de cette Falcon Heavy en simultané sur le live de SpaceX, ce mardi 6 février à 21h45. C'était beau et prenant, alors on vous recommande fortement de regarder ce moment historique dans la vidéo en haut de cet article.
Historique ? Oui. C'est la première fois qu'une entreprise privée essaie de propulser une fusée en dehors de l'orbite terrestre et pour le moment, tout semble bien se dérouler. Les boosters latéraux de la fusée ont résisté et ont réatteri, le deuxième étage de la fusée a survécu à son passage à Max Q (le point où la force aérodynamique sur un engin spatial est maximale) et la charge utile de la fusée (cette fameuse Tesla embarquée à bord) est actuellement dans l'espace. Au moment où nous écrivons ces lignes, la principale problématique qui subsiste est de savoir si l'étage central, c'est-à-dire le troisième booster, a résisté, puisque SpaceX n'a diffusé aucune image de celui-ci. [MISE À JOUR DU 07/02 : L'étage central a bel et bien échoué à se poser en mer, a confirmé SpaceX.]
Comment s'est déroulé ce lancement et que reste-t-il à accomplir pour la Falcon Heavy ? Revenons un peu sur l'histoire de la Falcon Heavy, pour mieux comprendre l'importance du succès de cette soirée spatiale.
Il était une fois une fusée qui se faisait attendre...
Elon Musk, grand manitou de SpaceX et roi de l'annonce finalement retardée, avait prévu, au tout départ, le lancement de la Falcon Heavy pour 2013. Cela faisait donc quatre longues années que les amateurs d'espace attendaient le lancement de cette énorme fusée.
Ces dernières semaines, les choses se sont enfin accélérées. Après avoir été dressée le 28 décembre dernier sur un pas de tir du Centre spatial Kennedy, en Floride, la Falcon Heavy a réussi une mise à feu statique le 24 janvier dernier, comme le témoigne cette vidéo avec beaucoup de fumée, de bruit et d'enthousiasme.
My raw video of the #SpaceX Falcon Heavy static-fire at Kennedy Space Center. Come for the cloud plumes, stay for the sound.
A French space reporter just yelled "It's like the 4th of July!" pic.twitter.com/vJssukqgIz
— Robin Seemangal (@nova_road) 24 janvier 2018
Elon Musk tenait à ce que la Falcon Heavy embarque à son bord un mannequin surnommé Starman et, surtout, son propre roadster Tesla à 170 000 dollars. Le but ? Comme pour tous les lancements tests, la Falcon Heavy devait embarquer une charge utile factice pour simuler le poids de ses futures charges. Mais le choix d'une Tesla, qui pèse à peine deux tonnes alors que la Falcon Heavy peut théoriquement en embarquer soixante quatre, semblait surtout comme l'occasion de réussir un beau coup de com' en faisant du remue ménage sur Internet et dans les médias.
On a un peu changé d'avis en regardant le live de ce décollage. La Tesla et son mannequin étaient équipés de caméras et voir une voiture naviguer dans l'espace, pour la première fois, était franchement impressionant. D'autant plus que les noms des 6 000 employés de l'entreprise avaient été gravés sur la voiture.
Une publication partagée par Elon Musk (@elonmusk) le 4 Févr. 2018 à 9 :50 PST
On vient juste d’envoyer une tesla dans l’espace ! C’est ouf. #FalconHeavy pic.twitter.com/sOaDkktmwd
— Johan Lelièvre (@jojol67) 6 février 2018
Le Faucon Millenium a du soucis à se faire, la Falcon Heavy est là
Mais cette fois, la Falcon Heavy a donc bien pris son envol, ce mardi 6 février à 21 h 45, heure française, malgré le vent qui agitait la Floride. Comment les choses se sont déroulées ?
Concrètement, le premier étage de la fusée est un assemblage de deux boosters latéraux de Falcon 9, accrochés à un troisième, au centre. Chacun d'entre eux est équipé de 9 moteurs, soit 27 au total, tandis que le deuxième étage de la fusée est juché sur le l'étage central. Ensemble, ces moteurs "génèrent plus de 5 millions de livres (2 500 tonnes) de poussée au décollage, ou l'équivalent de 18 Boeing 747", affirme SpaceX. Voici une comparaison entre la Falcon Heavy et les autres fusées sur le marché.
En terme de trajectoire, le but était que les deux boosters latéraux quittent la fusée peu après le lancement pour revenir vers Cap Canaveral, en Floride. Ils ont parfaitement rempli leur mission et sont venus se poser sur le sol de manière quasiment synchronisée, 8 minutes et six secondes après s'être séparés du reste de la fusée.
C'est ce qu'on appelle une réussite critique #FalconHeavy pic.twitter.com/p1jstCL0ck
— Clément Dumesnil (@P1nguise) 6 février 2018
Flight profile #FalconHeavy #SpaceX pic.twitter.com/LlfWXqUaLP
— Elon Musk (@elonmusk) 6 février 2018
Une fois cette première étape passée, les équipes de SpaceX ont pu se détendre un peu. Mais le véritable challenge de la fusée, c'était son passage à Max Q et la séparation avec le dernier booster. Pour le moment, on ne sait pas ce qu'il est advenu de celui-ci, ni de la barge en mer sur lequel il devait se poser. Mais les images de la Tesla dans l'espace montrent que le deuxième étage de la fusée a réussi à passer son épreuve de vitesse. Mission réussie.
Maintenant, que va-t-il se passer ? SpaceX va couper les moteurs du lanceur lourd durant les six prochaines heures et va réaliser une série de tests sur sa fusée. Pendant ce temps, la Tesla et son mannequin vont continuer à errer dans l'immensité, en orbite héliocentrique entre Mars et la Terre. Dans les prochaines heures, SpaceX devrait, si tout se passe bien, devenir la première entreprise privée à avoir envoyé une fusée qui a été capable de quitter l'orbite terrestre. En attendant d'en savoir plus et de reparler de cette incroyable histoire à froid, vous pouvez toujours regarder le live de Starman, le mannequin, dans l'espace.
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